Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1800, tome 10.djvu/553

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ou trois chevaux de taille ordinaire ; on est même obligé d’en atteler jusqu’à quatre, lorsqu’elles ne sont pas bien construites. Six personnes sont indispensables pour le service de la machine. Un homme est occupé à aller prendre les gerbes dans la grange ; une femme ou un jeune garçon présente les gerbes ; une troisième personne les pose sur la table : une quatrième reçoit la paille et la botelle à mesure qu’elle sort de la machine, après avoir été battue ; une cinquième emporte les bottes, et une sixième qui peut être un jeune enfant, conduit les chevaux. Ainsi, il faut six personnes, savoir : trois hommes et trois femmes, ou trois jeunes garçons ; car l’ouvrier qui présente la paille, celui qui l’étale sur la table, et le troisième qui conduit les chevaux, n’ont besoin, pour ces opérations, que d’une force et d’une adresse médiocre.

Ou calcule en Suède que six hommes font, par le moyen de la machine à battre, autant d’ouvrage que vingt-huit batteurs ordinaires, et cette supposition n’est pas exagérée ; les effets seront même plus considérables, si l’on fait mouvoir la machine par le moyen de l’eau ; car alors, on peut donner plus de longueur au tambour et aux cylindres, et ceux-ci prenant une plus grande quantité de paille à la fois, le battage est accéléré en proportion. Mais les calculs que je présente sont basés sur les dimensions d’une machine à manège, telle que je la décris ici.

Les meilleurs batteurs en grange n’obtiennent jamais, l’un portant l’autre, plus de dix boisseaux de grains par jour. Les batteurs ordinaires sont beaucoup moins d’ouvrage ; mais nous établirons la comparaison en accordant qu’un homme puisse battre habituellement dix boisseaux par jour.

La machine servie par six ouvriers, produit par heure trente boisseaux, mesure de Paris. En supposant qu’elle soit en activité pendant dix heures, on aura trois cents boisseaux. Mais, afin de calculer au plus bas, et dans l’hypothèse où elle n’agiroit que pendant neuf heures, on obtiendra deux cents soixante-dix boisseaux par jour. D’après ce calcul, six personnes employées à la machine, donneront chaque jour, par individu, quarante-cinq boisseaux de grains, tandis que par la méthode ordinaire de battre, un homme n’en donne pas dix. Ainsi l’avantage en faveur de la machine sera comme quatre et demi est à un ; c’est-à-dire, que six personnes employées à une machine, feront le même ouvrage que vingt-sept batteurs en grange. On observera que, pour battre à la manière ordinaire, il faut des ouvriers vigoureux, tandis qu’avec une machine, il suffit d’avoir trois hommes de force ordinaire, et trois jeunes personnes ; ce qui présente un nouvel avantage, puisque, dans ce dernier cas, on paie moins chèrement les ouvriers ; aussi calcule-t-on en Suède que six personnes, avec une machine, tiennent lieu de vingt-huit batteurs.

On emploie ordinairement la