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heureux ; nous allons indiquer les exceptions et les causes auxquelles elles sont dues.

CHAPITRE II.

Circonstances qui modifient l’utilité du Verd.

Le verd, si utile aux jeunes chevaux, non seulement ne l’est pas également aux vieux, mais on a même cru remarquer qu’il leur étoit funeste. Si l’on réfléchit sur les effets que nous venons d’indiquer, on ne sera point étonné de cette espèce d’exception. Nous avons dit en effet qu’il produisoit une crise violente, une révolution considérable dans toute la machine ; l’ébranlement universel, occasionné par une pareille secousse, ne peut que porter une atteinte funeste à des organes affaiblis, usés en quelque sorte par le travail et les années. D’un autre côté, la grande habitude du régime sec est devenue, pour ainsi dire, une seconde nature, dont il n’est guère moins dangereux de s’écarter que de la première. Comme dans les jeunes chevaux, le verd produit dans les vieux un relâchement général, mais avec cette différence que, dans les premiers, la fibre ne tarde guère à reperdre son énergie et son élasticité, et que, dans les seconds, le relâchement va toujours en augmentant, et se termine par une atonie complète qui est suivie d’engorgemens généraux ou partiels dus à l’inertie des solides.

C’est ainsi que dans les vieux chevaux qu’on met au verd, on voit le plus souvent les jambes se gorger, le dessous du ventre s’œdématir, et assez souvent l’animal périr d’hydropisie.

On doit induire de ces observations que le verd ne doit pas convenir aux animaux, quel que soit leur âge, affectés de maladies dues au relâchement des solides et à la décomposition des humeurs. Aussi observera-t-on généralement que les engorgemens causés par le farcin ou par la morve, augmentent considérablement d’intensité, lorsque les animaux qui en sont affectés sont mis au verd, et que ce régime précipite leur destruction.

Quelque générale que soit cette observation, elle reconnoît pourtant quelques exceptions. J’ai vu, par exemple, que le verd ne produisoit point sur les vieux chevaux les effets funestes que je viens d’indiquer, lorsque ces chevaux ont été mis au verd tous les printemps, ou du moins plusieurs fois dans leur vie ; le relâchement qu’il produit, dans ce cas, est bien moins considérable, et il reste à la nature assez de force pour rendre à la fibre son énergie.

J’ai encore vu le verd produire des effets heureux sur des chevaux attaqués d’un principe de morve ou de farcin, lorsque ces vices étoient récents, le produit de la communication, et que les animaux étoient jeunes, et d’une constitution très-vigoureuse.

Je dois dire encore qu’une partie des mauvais effets qu’on attribue au verd, est due, le plus souvent, à l’ignorance ou à l’incurie de ceux aux soins desquels ils se trouvent confiés. Ou expose brusquement