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maux recherchent avec le plus d’activité, et qui sont reconnus pour être les plus substantiels ; or, sous ce double rapport, les plantes des prairies hautes ne peuvent souffrir aucune comparaison avec celles des prairies basses ; que les premières soient formées de plantes graminées, ou que les graminées s’y trouvent mêlées avec d’autres espèces, le verd est également bon, pourvu que la prairie soit de la nature de celles dont le foin est généralement estimé ; or, l’opinion sur les bonnes ou mauvaises qualités des foins est peut-être celle qui admet le moins de variations, du moins dans tous les pays que j’ai parcourus.

Le produit des prairies artificielles telles que la luzerne, le trèfle, le sainfoin, la spergule et la pimprenelle se donnent en verd avec beaucoup d’avantage ; en Angleterre, on préfère généralement la luzerne à tous les autres fourrages pour donner le verd aux chevaux : dans la ci-devant Alsace, on nourrit avec du trèfle verd ceux même qu’on emploie aux services les plus pénibles ; j’ai vu les chevaux des postes de Lauterbourg, d’Altkirch, et de plusieurs autres du Haut et Bas-Rhin nourris avec du trèfle verd dans le temps même qu’ils fournissoient les courses les plus pénibles, on ajoutoit seulement à cette nourriture un peu de maïs en grain, macéré avec de la baie d’épeautre.

Dans le ci-devant Brabant, on cultive la spergule pour la donner en verd aux animaux qui l’aiment beaucoup, et dont elle augmente considérablement l’embonpoint.

L’emploi des plantes, dont sont composées les prairies artificielles exigent quelques précautions, dont l’oubli pourroit devenir funeste ; elles seront indiquées dans un chapitre relatif à l’administration du verd.

Les gramens annuels sont souvent donnés en verd aux bestiaux ; le seigle, l’avoine et l’orge sont très-fréquemment cultivés pour cette destination ; la variété du dernier connue sous les noms d’escourgeon, de durillon n’est guère employée presque par-tout qu’à cet usage ; dans quelques cantons on la fait pâturer, puis on la laisse grainer ; dans d’autres on la coupe à l’époque où l’épi est prêt à sortir de son fourreau, et on la distribue dans les râteliers.

On cultive également, et dans les mêmes vues le maïs qu’on sème dans ce cas très dru ; et dans les pays même où il a une autre destination, on donne aux animaux le panache des fleurs mâles qui surmonte l’épi, lorsque celui-ci a été fécondé.

Tous ces gramens contiennent dans leurs tiges une matière sucrée qui les rend tout à la fois très-agréables aux animaux, et très-propres à leur procurer de la vigueur et de l’embonpoint : il serait bien à désirer que la culture du maïs, envisagée sous ce rapport, s’étendît dans les cantons d’où elle a été exclue jusqu’ici, parce que la plante n’y parvient pas à une maturité parfaite ; il n’en est point qui donne un fourrage verd meilleur et plus abondant.