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qui en sont capables. Non seulement les chevaux au verd ne doivent pas croupir dans l’ordure, non seulement on leur doit le même pansement de la main que lorsqu’ils sont à leur régime ordinaire, mais j’ajouterai même que comme un des effets du verd est de provoquer une transpiration plus ou moins abondante, on ne doit négliger aucun moyen de favoriser cette excrétion si intéressante : or tout le monde sait que rien ne la favorise aussi puissamment que le pansement de la main ; bien loin de le supprimer entièrement, on doit donc au contraire le multiplier et ne pas se contenter de détacher la crasse avec l’étrille, mais encore l’enlever complètement avec la brosse, le bouchon et l’époussette.

J’ai vu des officiers de cavalerie et plusieurs autres personnes qui pensoient que les chevaux ne devoient pas boire ou presque point pendant tous le temps qu’ils étoient au verd : il est certain qu’à la rigueur, les animaux nourris de plantes en végétation, peuvent se passer de boire ; mais il est pourtant vrai de dire que les chevaux soumis à ce régime éprouvent quelquefois le besoin de la soif, et que c’est aller contre le vœu de la nature que de ne pas l’étancher.

Je conseille donc de tenir des baquets remplis d’eau auprès des animaux qui prennent le verd en liberté, et quant aux autres, on doit leur présenter un seau d’eau claire le matin et le soir, quand on ne peut pas les conduire à l’abreuvoir.

C’est une autre erreur que de croire que les chevaux qui prennent le verd à l’écurie ne doivent point sortir pendant tous le temps de sa durée ; le séjour trop long à l’écurie ruine plus les chevaux qu’un travail fatigant. Sans doute on ne doit exiger d’eux aucun service pénible, sur-tout dans les premiers jours et pendant tout le temps de la purgation : mais il est certainement très-utile de les faire sortir pour les promener soit en mains, soit sous l’homme ; cet exercice, dirigé par des mains sages, favorise très-puissamment les effets du verd : il prévient les stagnations qui sont trop souvent l’effet du relâchement dont le régime du verd est d’abord suivi.

Je ne puis pas d’avantage adopter la méthode si générale, que je ne sais si elle a quelque exceptions, de saigner les chevaux quelques jours après leur arrivée ; l’objet qu’on se propose est de prévenir la pléthore dont on apperçoit en effet quelques traces lorsque le verd a commencé à produire ses effets ; à moins que les chevaux ne soient accoutumés aux saignées du printemps, je voudrois proscrire celle-ci qui me paroît contr’indiquée ou tout au moins inutile. Il est très-certain que par le relâchement qu’elle opère, la saignée ne fait qu’accroître la disposition à la pléthore, en sorte qu’au bout de quelque temps les chevaux ont plus de sang qu’avant d’avoir été saignés, c’est ce que n’ignorent pas les herbagers qui nourrissent des bœufs. Ils les saignent de temps en temps pour leur