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sont point assez constatées pour y pouvoir compter. Les usages économiques de cette plante sont à peu-près nuls aussi. Cependant, il est à présumer que, cultivée en grand et avec soin, elle pourroit, dans quelques circonstances, et jusqu’à un certain point, suppléer le chardon à bonnetier, dont elle possède presque toutes les formes extérieures. Nous disons, jusqu’à un certain point, parce que, en effet, ses têtes ne parviendroient point à la même grosseur, et ses calices ou crochets n’acquerroient point le degré de force et de dureté qui font le mérite du chardon à foulon ou à bonnetier. Voyez ce mot.



VERGE D’OR. (Pl. Ire bis.)

M. Tournefort la place dans la première section de la quatorzième classe, qui comprend les herbes à fleurs radiées, et à semences aigrettées. Il l’appelle d’après Bauhin, virga aurea latifolia serrata. M. le chevalier Von Linné la classe dans la syngénésie polygamie superflue, et la nomme solidago virga aurea.

Fleur, radiée, jaune ; composée de fleurons hermaphrodites, dans le disque B, de demi fleurons femelles à la circonférence F ; les fleurons ouverts, découpés en cinq G ; les demi-fleurons lancéolés, à trois dentelures D ; le calice oblong, tuile E ; ses écailles étroites, pointues, droites, rapprochées et réunies.

Fruit. Semences solitaires, ovales, oblongues, couronnées d’une aigrette capillaire G, placées dans le calice, sur un réceptacle presque applati, nu.

Feuilles oblongues, pointues, dentées en manière de scie, à leurs bords, celles du sommet très-entières.

Racine. A, longue, oblique, fibreuse.

Port. Tige, de trois pieds, tortueuse, ronde, cannelée, anguleuse, moelleuse ; ses rameaux rassemblés, droits, terminés par des panicules de fleurs ; feuilles alternes.

Lieu. Les bois, les pays montagneux et humides. On en cultive une variété dans les jardins d’agrément, la verge d’or du Canada. Elle est vivace par ses racines.

Propriétés. La plante a un goût styptique, amer ; elle est détersive, vulnéraire.


VERGER.

Ce mot rappelé encore des lieux chers à nos aïeux, qui ont été souvent célébrés par nos poètes. Aux uns, ils fournissoient des fruits nouveaux et délicieux, et aux autres, de doux souvenirs et des scènes d’amour. C’étoit dans les vergers que se faisoient les promenades de la belle saison ; que la jeunesse prenoit ses ébats ; que les familles et les amis se réunissoient pour célébrer des mariages, des naissances, ou quelques grands événemens qui intéressoient les parens, les ministres du culte, ou les magistrats. Le culte des anciens, pour les jardins, sembloit se reproduire dans les Gaules sous d’autres formes ; et si on n’y voyoit pas, comme à Rome, la statue d’Esculape et celle du dieu des jardins, d’autres dieux, plus chers et plus dignes