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crire le trèfle, le sainfoin et surtout la luzerne, dont les racines fortes et profondes, et l’action même de leur végétation, absorberoient trop les sucs propres aux arbres. C’est une observation qui a déjà été faite par plusieurs cultivateurs, et que j’ai souvent eu occasion de remarquer. Il est inutile de recommander d’en proscrire les ronces et les épines, et j’ajouterai les orties, patiences, bardânes (noms botaniques), dont les racines sont très-funestes aux arbres.

Parmi les bestiaux, il en est aussi qu’il faut constamment proscrire : les chèvres et les bêtes à laine. Elles ne nuisent pas seulement par leur dent, quand elles peuvent atteindre les branches, mais encore par leurs émanations quand elles sont réunies en troupeaux. Je ne veux pas consigner ici un fait physique qui peut n’être pas fondé, et qui pourroit fortifier des erreurs et des préjugés. Mais cependant je dois dire qu’on attribue à la présence d’un troupeau de bêtes à laine, des effets très-contraires à la circulation de la sève.

Voici un fait dont j’ai été témoin : étant dans un bois taillis, où des ouvriers faisoient de l’écorce, un troupeau de bêtes à laine passa près d’eux : ils se mirent à jurer contre la bergère, et la menacèrent si elle revenoit ; et ils cessèrent d’écorcer leurs chênes jusqu’après trois à quatre heures d’intervalle (c’étoit à 11 heures du matin). Je voulus douter des effets dont ils se plaignoient ; ils essayèrent d’écorcer ; j’essayai moi-même, et il est de fait que l’écorce se levoit difficilement, et se déchiroit de proche en proche.

Est-ce mal-adresse de ma part ? est-ce adresse des ouvriers, pour justifier leur opinion ? est-ce l’effet d’un vent chaud survenu à l’instant même ? est-ce que les arbres n’avoient pas une assez grande partie d’écorce adhérente au tronc ? est-ce, enfin, parce que les arbres qu’ils écorçaient alors, avoient la sève obstruée par les effets de la gelée, dans les hivers précédens ? C’est ce que je ne pus vérifier, et ce à quoi, je l’avoue, je ne songeai pas. Mais c’est un fait généralement connu dans tous les pays où on fait de l’écorce.

Si les jardins où on met les arbres en espalier, en quenouille, etc., sont si utiles, pourquoi ne pas former aussi des vergers, qui, en donnant des fruits qui n’auroient rien coûté pour la main-d’œuvre du jardinier, pourroient encore servir à divers usages économiques très-précieux. S’il est agréable d’avoir des murs cachés par des arbres symétriquement ramifiés, pourroit-on être indifférent au spectacle ravissant que donneroient, deux fois dans l’année, les fleurs et les fruits de grands arbres, dont la verdure des feuilles feroit un heureux contraste avec celle de gazons qui seroient au pied, avec celle des haies, ou avec les murs et les palissades qui pourroient les clore ? Former des vergers, en un mot, c’est planter des arbres pour sa famille, ses enfans, pour la patrie.


VERMIFUGES. Médecine rurale. C’est ainsi qu’on appelle les médicamens qui ont la propriété