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sition n’est vraie que pour la petite vérole qui a un caractère de malignité, ou qui devient confluente et de mauvaise espèce : et dans ces circonstances elle est très-dangereuse. Mais il y a des éruptions précoces quoique bénignes. Ce n’est donc qu’avec les signes qui manifestent l’abattement des forces vitales ou quel qu’autre symptôme grave, que la célérité de l’éruption est redoutable. La véhémence de l’inflammation retarde aussi l’apparition des boutons dans les sujets sanguins.

La petite vérole considérée indépendamment des complications dont elle est susceptible, est une maladie inflammatoire, c’est pourquoi les symptômes précurseurs de l’éruption n’annoncent pas distinctement sa différence d’avec les autres affections inflammatoires. C’est donc sans raison qu’on assure que par leur considération on pronostique l’existence future des boutons. Les bornes d’un extrait ne permettent pas de rapporter les preuves de cette proposition. Il n’y a donc que l’existence d’une épidémie régnante ou des circonstances présumables de contagion qui servent de base au pronostic.

Le caractère de la maladie étant inflammatoire, le traitement antiphlogistique devient indispensable. La saignée est donc indiquée toutes les fois que la fièvre est véhémente, que le cerveau ou tout autre viscère est affecté. On préfère les saignées du pied à celles du bras, quand la tête est attaquée : on saigne du bras quand la poitrine ou le ventre souffrent. Il faut verser du sang jusqu’à procurer une détente marquée. Les hémorragies spontanées suppléent les saignées quand elles sont considérables. Si l’on retarde la saignée, le virus variolique acquiert de l’intensité et de l’acrimonie : d’où les ravages qu’il occasionne dans les viscères, et la confluence qui est l’effet d’une fermentation plus considérable, aidée de la fièvre, etc. ; d’où encore la putridité que contractera maladie par l’engorgement excessif des vaisseaux du dernier ordre, qui s’oppose à l’éruption. Le contraire arrive si l’on saigne à tems et suffisamment : on diminue la véhémence des accidens et le nombre des boutons.

L’observation prouve que les sujets qui ont eu des évacuations, indépendantes de la petite vérole, ont une maladie bénigne : les boutons croissent en grand nombre chez quelques individus, des évacuations sanguines ou même alvines ont considérablement diminué la quantité de boutons. Il est même arrivé de réduire la maladie à la fièvre varioleuse sans boutons, par cette méthode.

Les boissons tempérantes et rafraîchissantes sont indispensables. Les bains de pieds, les fomentations émollientes sur les extrémités, déterminent l’éruption sur ces parties. Les bains entiers conviennent aux individus qui ont la peau dure ou sèche ; ils facilitent l’éruption. Le malade doit respirer un air frais, être modérément couvert, sans avoir froid, car il est dangereux de porter l’action d’un froid réel sur la surface du corps. Cette