Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1800, tome 10.djvu/89

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après la chûte complète des croutes. On doit s’abstenir de les fermer tant que la suppuration paroît s’en faire spontanément. C’est une preuve du besoin encore existant de la dépuration.

Remarques générales. Il n’y a point d’époque dans la vie où l’on soit exempt de la petite vérole : mais elle est plus dangereuse chez les sujets desséchés que chez ceux qui abondent en humeurs séreuses, ce qui explique pourquoi elle est moins grave chez les enfans que chez les adultes et à plus forte raison les vieillards. La densité de la peau contribue à la rendre plus dangereuse chez les derniers. Il est avéré que cette maladie nous vient du dehors, qu’elle est plus fâcheuse dans les saisons chaudes que dans les autres ; que l’atmosphère transporte les émanations qui la communiquent à un grand nombre ou à quelques individus. Des fœtus sont nés avec des marques assurées d’une petite vérole existante ou guérie ; ce qui est rare. Quelques auteurs ont cru que nous portions en nous les germes de la petite vérole ; ce qu’ils ont dit à ce sujet ne mérite pas plus d’être réfuté que ce qu’ils ont fait pour l’éviter. Une petite vérole bénigne en occasionne quelquefois de funestes ; ce qui démontre la vérité suivante : savoir que la malignité de la maladie dépend davantage de la disposition du sujet qui la reçoit, que du caractère du virus qui la donne. L’inoculation le prouve encore, puisqu’une même matière purulente affecte diversement. Enfin, un pus de l’espèce qu’on nomme de mauvaise qualité donne une maladie bénigne à un sujet sain : le pus d’une bénigne en donne une meurtrière à un sujet dont les fluides sont altérés.

Petite vérole maligne. On a dit plus haut que la distinction de la petite vérole en bénigne et maligne, étoit la plus exacte ; mais on ne comprendra pas la confluente dans la classe des malignes, comme le font beaucoup d’auteurs, parce qu’elle n’est ordinairement grave que par les accidens inflammatoires dans les premières périodes : état qui exclut la malignité. On a déjà dit qu’on pouvoit prévenir les symptômes de la confluence, ou au moins en modérer l’action, tandis qu’on ne change point à son gré le caractère malin de certaines épidémies varioleuses : en voici les signes :

Un sujet est attaqué d’une fièvre qui n’est pas véhémente ; cependant il est abattu, son courage s’anéantit, ses goûts, ses habitudes et sa conversation ne sont plus les mêmes : il n’éprouve point de douleurs vives : l’accablement dans lequel il est plongé ne correspond point à l’apparence des accidens, puisque ceux-ci ne présentent pas une marche véhémente. La fièvre qui s’est manifestée se distingue mieux à la chaleur intérieure, à celle de la poitrine, qu’à la force du pouls : la soif n’est pas en proportion de cette chaleur interne. La conversation n’est plus la même que celle que suivoit le malade ; ses idées ne sont pas liées : quel-