Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1800, tome 10.djvu/91

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Supposons maintenant un virus de cette malignité introduit dans les liquides d’un sujet dont le sang est vicié, il n’y a point d’espoir de salut : il mourra gangrené. Observons aussi que cette espèce de petite vérole est aisément répercutée par une passion de l’ame, par un froid qui exerce son action sur une certaine étendue de la surface du corps, sa rétropulsion gangrènera les parties internes. Si indépendamment des boutons extérieurs il en naît un certain nombre dans les parties internes, les derniers opéreront les mêmes désastres en-dedans, que ceux dont nous venons de tracer le tableau par rapport à l’extérieur.

D’où vient ce caractère malin ? De l’espèce d’épidémie régnante ; l’observation le démontre, car il en est certaines qui, d’après le témoignage des observateurs, tuent plus des trois quarts de ceux qui en sont attaqués. Il n’est pas permis dans un extrait de s’étendre sur les causes infectrices de l’atmosphère. Plaçons un varioleux qui a une confluente inflammatoire, dans un hôpital infect, les accidens cesseront d’être inflammatoires pour prendre une nature maligne : sortons-le de ce séjour de mort avant que les fluides soient viciés au point de conserver l’impression de la malignité opérée par des causes locales, la marche inflammatoire reparoîtra ; donc l’air dans lequel on vit a une influence très-marquée sur la marche de la petite vérole. Ce sont des faits incontestables. Tout ce qui occasionne du trouble dans les sens internes, le chagrin, les sollicitudes, la crainte rendent la maladie plus dangereuse et lui font contracter un caractère de malignité ; elles sont donc (ces causes) en nous et hors de nous : leur réunion est absolument funeste.

La malignité en asservissant, pour parler ainsi, les fonctions vitales sous sa puissance, empêche donc premièrement l’apparition des boutons au-dehors : dans ce cas une partie quelconque du virus reste donc mêlé au sang : d’où sa plus grande dégénérescence, s’il a déjà éprouvé quelqu’altération, ou sa dégénérescence commençante. Secondement, met obstacle à l’accroissement des boutons ; donc ils ne reçoivent pas toute l’humeur morbifique ; d’où les causes des désordres qu’on vient d’indiquer : troisièmement, elle (la malignité) est cause de l’affaissement des boutons : donc le virus rentre à l’intérieur ; les effets le prouvent. Quatrièmement, elle ne laisse former qu’un pus ichoreux (quand il s’en forme) : donc une portion de ce pus résorbé menace les viscères de gangrène dans la fièvre secondaire ; les effets le prouvent encore. Cinquièmement, la petite vérole maligne se répercute aisement : donc elle attaque plus fortement et plus victorieusement les organes intérieurs ; d’où les délires mortels, les érosions funestes des viscères, etc. Sixièmement, un pus malin excite des gangrènes locales et une dissolution générale ; on en a la conviction dans les hémorragies d’un sang dissous ; hémorragies qu’on ne peut arrêter parce que les vaisseaux