Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/104

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tablier, la planche, la pierre ou le plâtre coulé sur lequel pose la ruche, fig. 5, G ; comme la pierre ou le plâtre sont trop chauds en été, et trop froids en hiver, on doit préférer le bois. Le meilleur tablier est un morceau de planche de chêne de deux pouces d’épaisseur, coupé en octogone, de dix-huit pouces de longueur sur quinze pouces de largeur. S’il est d’une seule pièce, il sera moins sujet à travailler ; s’il est en deux parties, il faudra qu’elles soient bien jointes, au moyen d’une bonne rainure et de deux forts clous. De chaque côté du tablier, et dans son épaisseur, on met, si l’on veut, des tire-fonds à vis, fig. 2, HH. Pour plus de solidité contre les vents, on clouera les tabliers sur leurs pieux.

» Des pieux ou supports du tablier. Les pieux ou supports sur lesquels pose le tablier, sont nécessaires pour l’hiver, afin de garantir les ruches de l’humidité et de la fraîcheur de la terre ; ils doivent être d’environ deux pieds et demi de longueur, et de trois pouces en carré. Ils seront enfoncés en terre de dix-huit pouces, afin que la ruche soit à un pied d’élévation. Les pieux seront mis en triangle, comme ils sont tracés sur la fig. 5, de manière que le tablier puisse déborder de tous les côtés de trois à quatre pouces, afin que les souris et mulots, qui ne peuvent marcher renversés, ne puissent monter sur le tablier pendant l’hiver, temps où les abeilles, sans vigueur ou engourdies, ne pourroient se défendre, si ces animaux s’introduisaient dans la ruche.

» Sur cette fig. 5, on a tracé l’endroit où doit être placée la ruche.

» Du pourget ou enduit. Avec une spatule de bois, on mêle deux parties de bouse de vache avec une de cendre de lessive ou autre ; pour bien faire ce mélange, on y ajoute un peu d’eau ordinaire, ou mieux, de l’eau de chaux si on en a.

» On nomme cet enduit pourget ; on s’en sert pour enduire extérieurement et bien uniment les ruches et leurs couvercles, afin de les préserver des injures du temps ; on s’en sert aussi pour luter les ruches sur les tabliers, et les couvercles sur les ruches.

» Avantages de la ruche villageoise. La ruche villageoise est avantageuse du côté de la matière avec laquelle elle est faite, en ce que cette matière est commune, la moins coûteuse, la plus facile à manier, la moins sujette aux impressions de l’air. Il y a cependant une grande différence dans le prix de la main-d’œuvre ; un vannier fera six ruches en osier dans sa journée, tandis qu’un homme ne fera qu’une ruche en paille avec son couvercle ; mais une ruche en paille durera six fois plus de temps que la ruche des vanniers ; d’ailleurs le villageois ne pourroit faire la ruche du vannier, tandis que, pendant les soirées d’hiver, il fera lui-même celle en paille.

» L’épaisseur de la ruche, qui est de neuf à dix lignes, maintient la température la plus uniforme dans l’intérieur de la ruche, et met les abeilles le plus constamment à l’abri des grandes chaleurs et des froids du printemps, qui ont tant d’influence sur la prospérité des essaims. Cela est si vrai, qu’en 1802, le froid du mois de mai, qui a été si fatal aux essaims, a eu moins de prise sur les ruches en paille. Quarante ruches en paille nous ont donné quatorze essaims, tandis qu’une famille, à quinze lieues de Paris, qui a trois cents ruches en osier, n’a eu que dix essaims : la différence est énorme.

» Elle est avantageuse du côté de son diamètre resserré, en ce qu’elle met le couvain, germe précieux de la multiplication des abeilles, et les gâteaux qui le couvrent, à l’abri de l’ignorance et de