Aller au contenu

Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/105

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’avidité, la hauteur de la ruche ne permettant pas de l’atteindre par le bas, puisqu’il en est éloigné, ni de le toucher par le haut, puisqu’il est couvert par le plancher.

» Ce plancher est avantageux, en ce qu’il donne des points de suspension pour les gâteaux inférieurs qui contiennent le couvain, suspension qui ne peut être altérée par l’enlèvement des couvercles.

» Au moyen du plancher, les gâteaux des couvercles font très-rarement partie de ceux de dessous le plancher, de manière qu’on enlève les couvercles sans efforts, sans rien déranger ni rompre, sans faire périr une seule abeille, quoiqu’il y en ait quelquefois un grand nombre entre les rayons qu’elles quittent d’elles-mêmes pour aller joindre leur reine. Cet enlèvement est si facile, qu’avec de la douceur et du silence, on peut le faire à visage découvert, et les mains nues, sans être piqué ; la colère des abeilles n’ayant plus lieu, dès l’instant qu’elles sont séparées de leur reine et du couvain, qui sont pour ainsi dire étrangers à ces couvercles. Et, comme en les enlevant on n’a rien, ou presque rien brisé, si on ne trouve pas les couvercles suffisamment pleins, ou si on n’a eu l’intention que de prendre un ou plusieurs rayons, on choisit, et on replace les couvercles sur les ruches, pour les enlever plus tard, ou reprendre encore des rayons à sa volonté.

» L’emplacement des fentes dans le plancher n’est pas une chose indifférente ; il faut les pratiquer sur les bords circulaires, près des parois de la ruche, par plusieurs raisons.

» La première c’est que le couvain, étant toujours placé dans un centre, la reine est naturellement détournée d’aller chercher ces passages éloignés, pour placer du couvain dans les couvercles. Il est cependant une circonstance où la reine place du couvain dans le couvercle ; c’est lorsque, prenant son essor, elle est tellement pressée de pondre, qu’elle place ses premiers cents dans les alvéoles qui se commencent toujours dans la partie la plus élevée de la ruche, qui est le couvercle ; mais cela n’a lieu que momentanément ; car, aussitôt que les gâteaux se construisent sous le plancher, le couvain y est placé ; et, à mesure que celui du couvercle prend son vol, les alvéoles sont nettoyés par les abeilles ouvrières et remplis de miel, ce que l’on reconnoît en enlevant les couvercles. Dans ceux où il y a eu du couvain, les gâteaux sont ternes, tandis que les autres sont d’un jaune clair, tirant sur le blanc.

» La seconde raison c’est que, si on pratiquoit des fentes au centre, elles se trouveroient au dessus du couvain, qui ne peut être trop à l’abri, et qui cependant seroit éventé, lorsque l’on mettroit un couvercle vide à la place du couvercle plein. La troisième, c’est afin que les abeilles ouvrières passent à leur volonté, sans obstacles ni retards, du dessous du plancher dans le couvercle, et qu’elles ne soient point obligées de percer la foule des abeilles qui se trouvent toujours près du couvain. Ce mouvement, d’ailleurs, tourmenteroit le couvain par les allées et venues continuelles des abeilles qui montent sur le plancher et qui en descendent.

» C’est afin que la reine, qui est presque toujours au centre, ne se trouve pas dans le couvercle, lorsqu’on l’enlèvera.

» Lors des grands dégels, les parois intérieures des couvercles et des ruches, imprégnées des vapeurs qui s’exhalent du grand peuple qui les habite, l’eau en découle depuis le haut et dans toute la circonférence ; le centre seulement se conserve sec par le groupe des abeilles, qui, avec le plancher, couvre entièrement le couvain. Il faut donc que les fentes soient pratiquées près de ces