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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/113

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vides ou remplis de couvain, et l’on donne aux abeilles ceux qui sont peu fournis de miel.

Pour faire du miel de choix, on a soin de mettre égoutter ensemble les plus beaux rayons, et toujours il faut rejeter les abeilles mortes et le couvain.

On laisse ainsi couler le miel pendant deux à trois jours ; ensuite on retire les paniers et l’on met les rayons qu’ils contiennent dans les baquets pour faire le second miel.

Ce second miel s’exprime des rayons brisés, du premier, qu’il suffit de pétrir un peu, s’ils sont mollets et si le temps est chaud, ou bien si la quantité en est petite, que l’on met dans un linge fort et clair que tordent deux personnes. Ces rayons sont-ils au contraire en certain nombre ? on les met dans des sacs de toile pareillement forts et clairs que l’on fait passer successivement sous la presse. Sont-ils secs et le temps est-il froid ? on les met dans un chaudron sur un feu doux et sans flamme ; on les remue continuellement avec les mains pour les amollir, en détruire les durillons, leur faire prendre une chaleur égale ; et quand le tout est bien chaud, pas assez cependant pour faire fondre la cire, on met la matière dans les sacs que l’on fait passer sous la presse.

Il faut du reste avoir l’attention de retirer des sacs le marc pendant qu’il est encore chaud, parce qu’une fois refroidi, il seroit difficile de l’en ôter, la cire le retenant alors fortement collé à la toile ; et comme ce second miel jette beaucoup d’écume, il faut, avant de le mettre dans les tonneaux, le bien purifier en le faisant passer sur des tamis fins.

Moyen de donner du parfum au miel. Le miel retient facilement toutes les odeurs qu’on veut lui communiquer ; mais ce n’est que dans le moment où il a un degré de chaleur suffisant pour être séparé de la cire.

Il suffira de mettre au fond du tamis, avant de commencer à écraser les rayons, une légère couche de la plante ou des fleurs dont on veut communiquer l’odeur au miel. Cette couche seule suffit, lorsque l’odeur est forte : mais si elle est foible, après avoir recouvert de rayons brisés cette première couche de fleurs, on en met une seconde, une troisième, etc. selon le degré d’odeur qu’on désire donner au miel qui la conserve plusieurs années sans altération.

C’est ainsi qu’on peut se procurer du miel ambré, musqué, à la fleur d’orange, à la rose, etc.

Moyens d’employer le miel comme sucre. Le miel a toutes les propriétés du sucre ; des chimistes renommés le regardent comme le véritable sucre ; mais le goût qui lui est particulier ne permettoit pas de l’employer comme tel. On doit à M. Lowitz la découverte d’une préparation qui, si elle ne donne pas au miel la forme du sucre, lui en procure toutefois tous les avantages, et le rend propre à en faire l’office dans les différens besoins de la vie domestique. Voici son procédé :

Mettez, dans un chaudron large et de peu de profondeur, quatre livres de miel ordinaire, et autant de pintes d’eau, mesure de Paris ; ajoutez-y une demi-livre de charbon pilé et purgé de cendre, ainsi que de toute autre matière hétérogène ; exposez le chaudron à une chaleur modérée, jusqu’à ébullition ; écumez avec soin les impuretés, et mettez-les à part, pour les raffiner ensuite séparément. Après vingt ou trente minutes d’ébullition, on enlève la liqueur et on la filtre à travers un sac de flanelle. Il n’est pas absolument nécessaire que la liqueur passe bien claire à travers le sac. Le résidu du miel et de charbon qui reste sur le filtre, est remis dans le chaudron, et l’on ajoute deux pintes d’eau ; on fait de nouveau bouillir ce mélange,