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et on passe encore, jusqu’à ce qu’il ne reste plus sur le filtre de miel combiné avec le charbon.

La totalité du miel et de l’eau qui aura passé sera mêlée une seconde fois avec de nouveau charbon pilé ; on fera bouillir ce mélange jusqu’à la consistance d’un sirop : on y ajoute alors de l’eau fraîche, et on laisse reposer le tout pendant une nuit dans le chaudron. Le lendemain, on fait encore bouillir jusqu’à ce que la quantité de liqueur soit réduite à deux pintes : on les passe alors à travers le filtre ; le résidu charbonneux sera encore une fois lavé avec deux pintes d’eau fraîche.

La dernière opération consiste à ajouter de nouveau à ce mélange de miel et d’eau un quarteron de charbon pilé, et à réduire, par l’ébullition, la liqueur à une pinte ; on les passe à travers le filtre, et on a soin de ne laisser passer que ce qui est parfaitement clair. Le miel obtenu par ce moyen est totalement débarrassé de la saveur qui lui est propre ; on l’évapore dans une casserole, à un feu doux, jusqu’à la consistance d’un sirop épais. On peut aussi employer le procédé suivi dans les sucreries, c’est-à-dire, le chauffer au bain-marie, pour l’empêcher de changer de couleur, et d’acquérir une odeur qu’il auroit inévitablement, si on vouloit le chauffer à un feu nu.

Pour déterminer le degré de concentration à donner au sirop, on en laissera tomber quelques gouttes sur une soucoupe froide, jusqu’à ce qu’on s’aperçoive que le miel devient pressé, sans cependant devenir solide, ni perdre la saveur du sucre ou de la cassonade.

On obtiendra donc ainsi environ quatre livres de miel purifié de quatre livres de miel commun, si toutefois on a eu soin de bien dégager le sucre du charbon employé pour le purifier : en effet, il n’y aura de déchet que l’écume, et le peu de sirop qui aura pu s’attacher au filtre.

Ce sirop de miel peut être employé fort utilement en remplacement du sucre pour le café, le thé, et dans tous les assaisonnemens. Il est à remarquer que ce sirop, dès qu’on en a préparé une quantité considérable, au lieu d’être renfermé dans des bouteilles ou vases à goulots étroits, exige des vases larges et bien ouverts, autrement il acquerra, en un mois, d’autres propriétés : il éprouvera une espèce de cristallisation, deviendra grenu, épais, et aura assez de consistance pour être coupé au couteau.

Si l’on vouloit éviter que le sirop de miel ne donnât une couleur brune au thé ou au punch, il faudroit purifier de nouveau ce miel, en y ajoutant, par livre, deux pintes d’eau et quatre onces de charbon pilé, en faisant bouillir la liqueur et en la filtrant à travers un linge. La matière charbonneuse qui reste sur le filtre, est ensuite délayée dans deux pintes d’eau fraîche ; on l’ajoute à celle qui a été passée, et l’on mêle avec le tout deux onces de charbon pilé. Il faut sur-tout avoir soin que ce qui a été délayé, après avoir été préalablement pressé dans le filtre, soit passé, quand on l’ajoute, à la liqueur la plus pure. On fait bouillir ce mélange jusqu’à ce qu’il soit réduit à deux pintes et demie ; alors on filtre pour la dernière fois, et l’opération est terminée. Le miel qui reste sur le filtre peut être lavé avec deux pintes ou deux pintes et demie d’eau ; il passe ainsi à travers et on peut l’ajouter au premier.

On observera que la dernière préparation qu’on donne pour empêcher que le thé et le punch ne contractent avec le sirop de miel une couleur brune, n’est pas aussi bonne que la première, parce qu’on ne peut alors garder le sirop que pendant quelques jours, et qu’on seroit obligé de recommencer l’opération cinq