Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/12

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sujet, la science le moyen, et le produit le résultat et le but. Ses agens principaux sont le pâturage et le labourage. Le pâturage nourrit les animaux, compagnons des travaux de l’homme, et les bestiaux qui lui procurent les engrais nécessaires à la fertilisation du sol. Le labourage prépare et donne les récoltes, et tous deux sont la véritable base de la richesse des États. Aussi le plus grand ministre du meilleur des rois, Sully, appeloit-il le pâturage et le labourage, les deux mamelles de la France[1].

Ils sont, en effet, par leur réunion, le principe de sa conservation et de sa force ; ils soutiennent son existence comme la nourriture soutient celle des individus : l’État éprouve un degré d’élévation ou d’abaissement, d’embonpoint ou de maigreur, si l’on peut s’exprimer ainsi, suivant que l’économie rurale éprouve de faveur ou d’indifférence.

Mais si elle fait la gloire des États qui l’honorent, elle fait en même temps le bien-être de ceux qui la cultivent et qui l’exercent. La terre cultivée par des mains habiles, est le plus fidèle des dépositaires, le plus scrupuleux des débiteurs. Elle est à la fois la plus abondante des mines et le plus solide de tous les biens.

L’économie rurale est donc la base de la richesse des États et des particuliers, et l’on ne sauroit trop s’en occuper, puisque, comme l’a très-bien dit Voltaire, il n’y a de richesses réelles

  1. Au pâturage et au labourage, il auroit dû ajouter : et les plantations. Il est étonnant que ce grand homme qui en connoissoit si bien toute l’influence sur la prospérité de l’agriculture, ait oublié de les recommander dans ses écrits, comme il les a encouragées par son exemple. Il a fait planter d’arbres les grandes routes de France, et ombrager d’ormes les places consacrées aux danses villageoises, dans la plus grande partie de la République. Ces arbres portent encore, dans beaucoup de départemens, le nom de Rosny, qui est un de ceux qu’avoit Sully.