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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/131

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action, en pareil cas, étant plus immédiate, elles sollicitent l’utérus à des mouvemens qui tendent à le débarrasser du fardeau qui l’opprime ; mais leur emploi de cette manière n’exclut point celui des breuvages prescrits.

L’exercice au pas soutenu, pendant une heure, ou une demi-heure, suivant les forces de l’animal, est un moyen très-bon pour donner du jeu à toute la machine et en ranimer les forces : cette action, en imprimant un mouvement uniforme à l’utérus, hâte et facilite le détachement du placenta.

Le bouchonnement, soit avec la brosse, le bouchon de paille, ou avec un morceau d’étoffe de laine, force la peau à une excrétion qui dépure les humeurs et fortifie l’animal.

Ces différentes actions, concourant au même but, doivent être réitérées trois et quatre fois par jour ; mais si la promenade est pénible, et qu’on soit obligé, relativement à la foiblesse de l’animal, de la faire plus courte et moins souvent, il faudra se servir plus souvent et plus long-temps du bouchon ou de la brosse.

À ces secours on en joint encore d’autres de la main ; ils consistent à agir sur le cordon ombilical. Toutes les fois que la vache fait un effort pour expulser cette membrane, on doit l’aider en tirant le cordon dans le sens où elle pousse ; mais cette action ne doit durer et se prolonger que pendant la durée de l’effort de la vache ; il faut encore que la force employée sur le cordon soit proportionnée à celle de la mère, et par conséquent d’autant plus grande que l’action de la bête est plus forte et plus prolongée.

Il est très-important de ne pas confondre la foiblesse produite par l’extinction des forces avec celle qui dépend de l’oppression de ces mêmes forces : dans le premier cas, toutes les parties extérieures sont froides et relâchées, la conjonctive (ou le blanc de l’œil) est blanche ; souvent le dessous de la ganache est engorgé ; la chaleur de la bouche, du vagin, du rectum est plutôt éteinte qu’animée ; enfin le pouls est petit, foible et presque effacé.

Dans le second, c’est un état diamétralement opposé ; l’air expiré est très-chaud, la conjonctive rouge, l’œil ardent, la bouche sèche et brûlante, le mufle sec, la soif plus ou moins grande, la chaleur du rectum fort au dessus de l’état naturel, la respiration accélérée, le vagin rouge et enflammé, le pouls dur et très-accéléré, la peau sèche et brûlante ; enfin c’est une fièvre violente qu’il faut éteindre par la saignée, par les boissons d’eau blanche, sur un seau de laquelle on aura fait dissoudre une once de sel de nitre, par les breuvages de décoction d’oseille édulcorée avec un peu de miel commun, et aiguisée d’une très légère quantité de vinaigre, par des lavemens d’eau tiède vinaigrée : tels sont les seuls moyens à employer pour opérer promptement et sûrement la sortie du délivre.

Mais, supposons que les moyens prescrits soient restés absolument insuffisans, ce qui est infiniment rare, il importe de ne pas laisser le délivre dans la matrice ; il s’y décomposeroit ; cette décomposition donneroit lieu à une fièvre putride, dont les suites feroient périr l’animal.

Celui qui se propose de procéder à l’extraction du placenta doit commencer par vider le rectum, d’abord en fouillant la bête, et ensuite en lui donnant un lavement d’eau tiède. Cette opération faite, il oindra sa main ou le poignet et le bras avec de l’huile douce et nouvelle, du beurre frais, ou du saindoux ; il l’introduira doucement dans le vagin, les doigts étant tendus et rapprochés les uns contre les autres.

Les doigts parvenus à l’orifice de la