Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/134

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

hors, comme dans le part ordinaire : ce cordon est ordinairement étroit, grêle et facile à rompre. Cette disposition, et sur-tout l’état d’inflammation et d’irritation dans lequel se trouvent la matrice, et toutes les parties voisines, contre-indiquent le poids dont nous avons parlé, lors du part languissant.

Cet état d’angoisse détermine la vache à faire de fréquens efforts ; mais ces efforts qui, dans le part languissant sont à désirer, agissent ici au détriment de la nature, ils tendent à donner de l’intensité à l’inflammation et à l’irritation : les indications à remplir sont donc de les faire cesser, pour obtenir une délivrance naturelle qui n’aura lieu qu’autant que les parties seront relâchées, et que la vache jouira de la tranquillité depuis un certain temps.

Les moyens à employer pour produire ce bon effet sont, 1°. des lavemens et des injections dans le vagin. La liqueur dont on les composera sera très-mucilagineuse, et chauffée au point d’être un peu plus que tiède : il importe de la lancer doucement dans ces cavités, pour éviter l’irritation qui naîtroit d’un choc trop fort et trop dur sur des parties dont la sensibilité est excessive : il faut encore prendre garde de ne pas surcharger ces viscères d’une trop grande quantité de liqueur. Au reste, ces injections, qui doivent être répétées toutes les demi-heures, seront faites d’une forte décoction de graine de lin, ou de racine d’althea, ou de l’une et de l’autre ensemble. Si les parties tendent à sortir, il faut les lotionner sans cesse avec cette liqueur tiède, et étendre ces lotions sur la croupe et sur les lombes.

2°. La saignée à la jugulaire. On tirera quatre livres de sang, ou deux pintes, mesure de Paris ; on ne réitérera cette opération que deux heures après, si la première a été insuffisante pour opérer le relâchement des parties et la cessation des efforts.

3°. Cette même décoction mucilagineuse, donnée en breuvage à la dose d’une pinte, on y ajoute deux gros de camphre et autant de sel de nitre. On fait dissoudre le camphre, avant le mélange dans un jaune d’œuf ; si on le fait dissoudre dans un gros d’éther, ce breuvage, qu’on doit réitérer toutes les heures, opère avec bien plus d’efficacité.

Tous les symptômes d’irritation et d’inflammation ayant cessé, on laisse la vache tranquille ; on ne lui donne que de l’eau blanche, sur un seau de laquelle on a fait dissoudre une once de sel de nitre ; on attend que la nature agisse, pour opérer la sortie du délivre, et on se conforme à tout ce qui est prescrit dans le part languissant.

L’objet essentiel est de modérer des mouvemens désordonnés, de faire cesser l’éréthisme, de calmer l’irritation et l’inflammation qui s’opposent à la délivrance ; mais il faut prendre garde de pousser trop loin l’usage de tous ces remèdes ; s’ils étoient trop prolongés, ils énerveroient les forces, détruiroient le ton des solides, et la nature, absolument épuisée, n’auroit plus les moyens de se débarrasser, non seulement du placenta, mais encore du sang et des autres humeurs excrémentielles dont est abreuvée la matrice. Toutes ces considérations, soit qu’il s’agisse de solliciter les forces, ou qu’il importe de les réprimer, exigent des lumières et du tact de la part de l’artiste, pour employer tout ce qui est nécessaire, mais rien au delà.

Dans le part tumultueux suivi du renversement de la matrice, ce viscère se présente comme un grand sac pendant sur les jarrets : cet état pénible exige des secours très-prompts ; il faut prendre garde que la vache, dans ses différens mouvemens, ne meurtrisse et ne déchire la matrice, en se frottant contre les corps voisins.