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Si, malgré l’emploi de tout ce que nous venons de prescrire, la matrice tend toujours à sortir de sa place, le seul parti est l’usage du pessaire : ce corps étranger ne doit être employé qu’autant que les parties n’éprouveront ni inflammation, ni irritation, et que le défaut de stabilité du viscère dépendra absolument de la foiblesse.

Quelquefois la disposition de la panse et du feuillet est la cause qui détermine la sortie et la chute de la matrice ; cette disposition se rencontre dans l’excès du volume et de dureté de ces estomacs : nous avons observé, en effet, que cette cause étoit très-souvent celle de l’avortement. Ainsi, cet évènement ayant eu lieu, le feuillet et la panse, pressés antécédemment par le fœtus, se rangent et se placent dans le lieu qu’occupoit la matrice ; celle-ci une fois déplacée, peut d’autant moins reprendre sa position, et y rester, que les ligamens qui l’assujettissent ont été plus distendus, et par conséquent plus affaiblis.

Cette disposition, de la part de ces deux estomacs, doit donc être prévue et combattue par les moyens que nous avons indiqués, avant d’avoir recours à celui que nous offre le pessaire.

Le pessaire est un corps étranger que l’on introduit dans le vagin, qui, pressant et comprimant en avant la circonférence du mufle de la matrice, fixe ce viscère dans le bas-ventre.

Pour se former une idée de ce pessaire, il faut se représenter un anneau de fil de fer, de deux pouces de diamètre ; la grosseur du fil de fer est ordinairement de deux lignes de diamètre, ou de six lignes de circonférence. On fixe sur cet anneau trois tiges de pareille grosseur, qui le partagent en trois parties égales. Ces tiges s’élèvent à la hauteur de deux, trois à quatre pouces, et quelquefois davantage. Parvenues à cette hauteur, elles se réunissent pour ne former qu’une unique tige, soudée, arrondie et taraudée ; en Sorte que cet anneau, muni de ses trois tiges ou branches, présente une pyramide dont la base est l’anneau, et dont les trois tiges, unies par leurs extrémités terminées en vis, forment le sommet.

Ce sommet terminé ainsi, reçoit transversalement une bandelette de fer, de quatre à cinq pouces de longueur, sur trois à quatre lignes de largeur, et une ligne et demie d’épaisseur : elle doit être renflée carrément dans son milieu ; cette partie, renflée au point d’avoir trois lignes de côté, doit encore être percée et taraudée, pour recevoir la vis dont le sommet du pessaire est pourvu ; cette bandelette est placée sur le sommet transversalement, en sorte que lorsqu’elle est enfoncée dans son écrou, le pessaire présente, par cette extrémité, une croix dont la bandelette forme les bras.

Ces bras, ou les extrémités de cette bandelette, sont encore percés de trois ou quatre trous, pour pouvoir y attacher et y brider à chaque bout une courroie de la force des longes dont on se sert pour attacher les chevaux.

Telle est en gros la forme de la carcasse du pessaire : il ne reste, pour l’achever, que de rendre les parties qui le composent, à l’exception de la vis et de la bandelette de fer, plus grosses et moins dures, pour éviter les impressions funestes que le fer, étant à nu, opéreroit sur des parties aussi délicates que celles qui doivent être comprimées par cet instrument.

Pour prévenir ces accidens, il suffit de tremper, à différentes reprises, l’anneau et ses trois tiges dans de la cire fondue : cette immersion ne doit avoir lieu que jusqu’à la vis exclusivement ; elle doit se faire de la même manière que fait le cirier lorsqu’il fabrique les bougies ; il faut laisser figer et refroidir la légère couche de cire dont le pessaire s’est