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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/136

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ouverts ; l’artiste doit enfoncer cette partie par le moyen du poignet, la main étant fermée.

Cette partie de la matrice étant parvenue au col du viscère, l’artiste rencontrera de la résistance ; il sera obligé de la vaincre, pour faire parvenir la partie poussée par lui au delà ; cette corne ainsi arrêtée, il cherchera à enfoncer la corne opposée, et ensuite le reste du corps de la matrice, ce qui complétera la réduction.

On est très-souvent contrarié dans cette opération par les efforts de la vache, qui tendent toujours à repousser au dehors les parties que l’on cherche replacer. On doit avoir soin, lors de ces efforts, de ne pas les contrarier trop fortement ; il faut les laisser passer, et se contenter, pendant leur action, de soutenir les parties, pour éviter leur retraite ; l’effort fini, on réagit de nouveau en poussant, à l’effet d’avancer la réduction et de la terminer.

Cette opération faite, il faut s’assurer par le tact si la vessie est dans un état de plénitude ; en ce cas, il importe de la vider à la faveur de la sonde, afin d’éviter le danger qui pourrait résulter de l’évacuation de l’urine par les efforts de la nature, parce qu’il n’arrive que trop souvent que ces efforts sont suivis d’une rechute.

Les choses étant dans cet état, on doit laisser la vache dans la position que nous avons indiquée, et éviter, avec le plus grand soin, de l’inquiéter et de la solliciter au plus léger mouvement.

On peut lui faire prendre la rôtie que nous avons prescrite ; si elle la refuse, il faut chercher à la fortifier par le moyen du vin chaud, à la dose d’une chopine. Il faut encore lui mettre sur les reins, pour fortifier les ligamens de la matrice et la matrice elle-même, un sachet d’avoine cuite dans du vinaigre. Ce sachet doit être appliqué le plus chaud possible, en prenant garde cependant de brûler la peau. On le fait réchauffer lorsqu’il est froid, et on l’applique de nouveau.

Quelquefois cette opération est suivie d’efforts très-considérables de la part de la vache ; ces efforts, qui tous tendent à faire sortir de nouveau la matrice de sa place, exigent des lotions, des injections, et des lavemens, de la nature de ceux que nous avons précédemment indiqués.

Si ces efforts persistent, il faut nécessairement avoir recours à des compresses sur la vulve ; on fixe ces compresses fortement contre la partie, par le moyen d’une longue bande qui enveloppe le corps horizontalement, et dont les extrémités se fixent d’une manière solide au poitrail.

Une personne sûre, qui voudrait maintenir ces compresses, en les poussant du côté du vagin toutes les fois que la vache agirait pour faire sortir la matrice, produirait un effet plus certain que les bandages.

Quelquefois après la réduction, et lorsque l’irritation est cessée, la matrice est néanmoins très-peu assurée dans le bas-ventre, et tombe au moindre effort de la vache : cet état indique sa foiblesse et le relâchement des ligamens du viscère, et par conséquent la nécessité de les fortifier par la continuité de l’usage du sachet d’avoine sur les reins, et par des lavemens vulnéraires d’infusions de plantes aromatiques, telles que le thym, la sauge, la lavande, l’hysope, animée par l’essence de térébenthine, à la dose de deux à trois gros pour chaque lavement.

Pour fortifier l’utérus, et l’assurer dans sa position, il est nécessaire d’injecter souvent de l’eau fraîche dans le vagin, et d’en lotionner la vulve. Ce moyen simple a été souvent le plus efficace.