Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/154

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

les maladies épidémiques des hospices, des prisons, dans les épizooties, pour la fumigation des étables ; et c’est par ce moyen seul qu’on a pu arrêter les terribles effets de la maladie qui dévastoit Séville. M. Guyton a imaginé des appareils permanens de désinfection qui devroient être placés dans les prisons, les infirmeries, les hôpitaux, et dans tous les lieux où un grand nombre de personnes se trouvent réunies. Les médecins et tous les hommes qui, par état, se trouvent dans des atmosphères plus ou moins putrides, au lieu d’avoir de ces substances agréables qui flattent l’odorat sans diminuer le danger, devroient porter constamment sur eux de ces flacons d’acide muriatique oxigéné extemporané que l’on prépare avec soin à la pharmacie de Boulay, rue des Fossés-Montmartre, à Paris.

Les maladies épizootiques se renouvellent si souvent, qu’on sentira enfin la nécessité de faire des fumigations, même dans les étables.

Voici les proportions nécessaires pour une étable de grandeur moyenne. La dépense pour chaque opération ne peut excéder 3 ou 4 sous.

Sel commun 
 4onces.
Manganèse 
 1onces.
Acide sulfurique 
 2onces.
Eau 
 2onces.

Après avoir mêlé le sel avec le manganèse, on met la quantité d’eau prescrite, et l’on verse par dessus les deux onces d’acide sulfurique. Il est préférable de ne faire cette opération qu’en l’absence des animaux ; mais, dans le cas contraire, on peut ménager le dégagement de la vapeur, en ne mettant l’acide qu’en plusieurs fois sur le mélange. En combinant l’acide muriatique oxigéné avec la potasse, on lui fait perdre une grande partie de son odeur ; mais ce moyen qui constitue la lessive de Javelle, ne peut être avantageux, ainsi que l’observe M. Berthollet, que dans le blanchiment des cotons.

La potasse forme, avec cet acide, le muriate suroxygéné de potasse, qui détonne par le choc, étant mêlé avec un corps combustible. L’accident affreux arrivé à Essonne, lors des essais qu’on voulut faire pour le substituer au salpêtre, rendra très-prudentes les personnes qui s’occuperont de cette substance.

Acide nitro-muriatique. On a appelé l’acide nitro-muriatique eau régale, parce qu’il a été long-temps la seule substance dont on ait pu se servir pour dissoudre l’or qui étoit regardé comme le roi des métaux : il est ordinairement une combinaison de deux parties d’acide pitrique, contre une d’acide muriatique.

Acide nitreux. En traitant à l’appareil pneumato-chimique de l’acide nitrique pur avec des métaux, on obtient un gaz sans saveur et sans couleur, qui est l’oxide d’azote. Il ne rougit pas les couleurs bleues, et il forme sur le champ, par son contact avec l’oxigène, un gaz acide coloré, soluble dans l’eau, qui est le gaz acide nitreux. On ne connoissoit autrefois que cette seule combinaison de l’azote avec l’oxigène, appelée acide nitreux, esprit de nitre. D’après les découvertes modernes, l’acide nitreux n’est que l’acide nitrique dont une partie a perdu une portion de son oxigène, ou bien une dissolution de gaz nitreux dans l’acide nitrique. La quantité de gaz que cet acide peut dissoudre étant très-variable, il se colore, suivant les proportions observées, en bleu, en vert, en jaune, et en rouge, qui est le maximum de cette combinaison.

L’acide nitreux agit d’une manière très-marquée sur tous les corps com-