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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/156

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Thuringe. L’oxalate acidulé de potasse est souvent employé pour enlever les taches d’encre et de rouille ; mais j’ai fait voir qu’il ne jouissoit de cette propriété qu’en raison de son excès d’acide, et qu’il pouvoit être remplacé d’une manière avantageuse par la crème de tartre, et tous les acides végétaux. Le sel d’oseille n’est pas la seule substance dont on retire l’acide oxalique, car le sucre et toutes les substances végétales, traitées par l’acide nitrique, en fournissent assez abondamment. Dans son état de pureté, il est blanc cristallin ; il a une saveur acide très-piquante, qu’on rend fort agréable en le mêlant avec l’eau. Sa grande affinité pour la chaux l’a rendu, en chimie, un réactif très-précieux.

Acide phosphoreux. L’acide phosphoreux est le résultat de la combustion du phosphore à l’air libre, et à une température qui ne doit pas excéder 22° du thermomètre de Réaumur.

Acide phosphorique. Margraft découvrit l’acide phosphorique dans l’urine, et, assez long-temps après, Gahn et Schèele prouvèrent qu’on pouvoit l’extraire des os beaucoup plus facilement ; on l’obtient encore en oxygénant le phosphore par l’acide nitrique, ou en le brûlant sur du mercure, dans le gaz oxigène. Dans cet état, il est blanc, en écailles brillantes, cristallines, pesant trois fois plus que l’eau, attirant puissamment l’humidité de l’air, se fondant en verre à une forte chaleur. Dissous dans l’eau, c’est un fluide blanc, inodore, d’une consistance huileuse, il a une saveur acide, mais qui n’est pas caustique.

L’acide phosphorique existe combiné avec la chaux dans les os des animaux, des poissons, dans beaucoup de substances végétales, telles que la moutarde, le cresson ; Proust l’a trouvé uni au plomb dans la mine de plomb verte, et Klaproth a prouvé sa combinaison avec la chaux dans l’apatite de Saxe. Cet acide paroît avoir été donné avec succès dans les tumeurs osseuses, comme fondant et purgatif. Le phosphate de soude est la substance que l’on a connue long-temps sous le nom de sel fusible, sel perlé ; il s’effleurit à l’air, et il est très-soluble dans l’eau.

Pearson est un des premiers qui l’ait employé en médecine. Donné à la dose de six à huit gros, c’est un excellent laxatif qui purge sans nausées, sans coliques, et dont la saveur fraîche, salée, n’est pas désagréable. Il peut remplacer le borax pour la soudure des métaux.

Acide prussique. Ce n’est que longtemps après la découverte du bleu de Prusse par Dippel et Diebach, que Schèele nous fit connoître les moyens d’obtenir l’acide prussique, en traitant le prussiate de fer avec l’oxide rouge de mercure. M. Fourcroy a donné un procédé très-simple, qui consiste à distiller à l’appareil hidro-pneumatique un mélange d’acide nitrique et de sang coagulé ; l’acide qui se volatilise est reçu dans des flacons chargés d’eau. L’acide prussique a une odeur très-prononcée de fleurs de pêcher ou d’amandes amères, et une saveur d’abord fade et douceâtre, qui devient ensuite chaude, acre et virulente. D’après l’analyse que M. Vauquelin a faite du salsola soda, et de plusieurs autres substances végétales, il s’est assuré que toutes les plantes qui contiennent de l’azote se rapprochant des matières animales, fournissent cet acide. M. Berthollet, d’après les expériences importantes qu’il a faites pour reconnoître la nature et les proportions de l’acide prussique, regarde cet acide comme un composé d’azote, d’hydrogène et de carbone sans oxigène ; mais M. Vauquelin ayant observé que les substances oxygénées augmentoient