Aller au contenu

Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/157

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’une manière très-sensible la quantité d’acide obtenu, cet habile chimiste se croit en droit de conclure que l’oxigène ne peut être inutile à sa formation. Nous devons à M. Curaudau des recherches neuves et très-intéressantes sur cet objet ; il prouve que, dans toute calcination prussique, il n’existe que deux des principes du radical, l’azote et le carbone ; que cette nouvelle combinaison ayant la propriété de décomposer l’eau, s’empare de l’hydrogène qui est nécessaire pour constituer le radical, et que cette composition ternaire d’azote, de carbone et d’hydrogène, doit porter alors le nom de prussiate, et celui d’acide prussique quand elle est oxigénée.

Le prussiate de chaux est un très-bon réactif pour reconnoître les moindres traces de fer ; il donne sur le champ, avec ces dissolutions, un bleu superbe.

Le prussiate de fer est la substance découverte à Berlin en 1710 ; elle est connue dans le commerce sous le nom de bleu de Prusse. Dans les manufactures, on l’obtient en traitant avec la potasse, à un grand feu, des substances animales, et en mêlant la lessive qui résulte de cette opération, avec des dissolutions d’alun et de sulfate de fer.

Cette substance est très-employée dans une foule d’arts, et sur-tout pour les pâles diversement colorées des fabriques d’indiennes et de papiers peints. Malgré les essais nombreux qui ont été faits pour l’employer en teinture, le bleu obtenu est trop foible, trop inégal, pour que ce moyen puisse présenter quelques avantages.

M. Hatchelt, en combinant l’acide prussique avec le cuivre, a obtenu une couleur très-solide, qui surpasse en beauté toutes les couleurs brunes connues : son mélange avec du blanc donne une variété de teintes lilas qui ne le cèdent point, pour la fraîcheur, à toutes celles obtenues des Jacques, et qui leur sont préférables par leur fixité. Voici le procédé de M. Hatchett : faire dissoudre du muriate vert de cuivre dans dix fois son poids d’eau distillée, verser sur cette dissolution du prussiate de chaux, jusqu’à précipitation complète, laver le prussiate de cuivre à l’eau froide, puis le faire sécher sans chaleur.

Acide sachlactique. Nous avons fait connoître cet acide à l’article acide muqueux.

Acide Subérique. C’est à M. Bouillon-Lagrange que nous devons la connoissance de l’acide subérique. Il le prépare en mettant dans une cornue du liége râpé sur lequel il verse six fois son poids d’acide nitrique à trente degrés.

Acide succinique. On retire l’acide succinique du succin, ou ambre jaune, qui se trouve en Suède, en Sibérie, et dans la mer Baltique. Cet acide, appelé autrefois sel de succin, est très-volatil ; il a un goût âcre, piquant et huileux ; il est peu soluble dans l’eau froide, et beaucoup dans l’eau chaude ; il n’agit que bien foiblement sur les couleurs végétales. L’acide succinique est employé en médecine comme incisif, cordial, et antiseptique : Boerhave le plaçoit parmi les plus puissans diurétiques ; uni à l’opium, il forme le sirop de Karabée.

Acide sulfureux. L’acide sulfureux est produit par la combustion du soufre à une température peu élevée, et par la désoxygénation de l’acide sulfurique. Il est sans couleur, plus pesant que l’air ; il a une odeur vive, suffoquante, qui irrite les yeux, la gorge, resserre la poitrine, et provoque la toux et le vomissement. Il est très-soluble dans l’eau. On s’en sert à l’état de gaz, pour blanchir les laines et les soies ; mais j’ai employé de préférence, dans des opérations en grand, l’acide sulfureux qui agit plus promptement et d’une manière plus marquée.

On a beaucoup trop vanté l’acide sulfureux à l’état de gaz, pour faire périr