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nuit, et vont chercher leur nourriture dans les campagnes. À cette connoissance générale, il faut, pour réussir à l’affût, joindre celle des endroits par lesquels le gibier passe et repasse, et qu’indiquent les traces et les fumées ou fientes. Le chasseur se cache de son mieux, et monte quelquefois sur un arbre ; patient, immobile, l’œil et l’oreille au guet, souvent transi de froid, il doit attendre que l’animal se présente à sa portée pour le tirer. Parmi les vrais chasseurs, l’affût passe pour une chasse ignoble ; elle est fort en usage chez les braconniers qui, faisant de la chasse un métier sur lequel ils fondent leur existence, n’aiment à tirer qu’à coup sûr.

L’affût du matin, quand le gibier repû, et averti par les premières lueurs de l’aurore, s’empresse de regagner ses retraites, se nomme la rentrée. (S.)


AGAVE, (Agave L.) genre de plante composé de plusieurs espèces d’aloès de Tournefort, et que cet auteur a rangé dans la seconde section de sa neuvième classe. Linnæus l’a placé dans son hexandrie monogynie ou sa sixième classe, ordre premier. Il fait partie de la belle famille des narcissoïdes, dans la méthode naturelle, et compose un genre qui appartient à l’ordre septième de la troisième classe, laquelle renferme les végétaux monocotylédons à étamines épigynes. Le mot agavé, en grec, signifie admirable, nom qui lui a été donné à cause de la singularité remarquable, de l’utilité, et de la beauté de plusieurs des espèces qui composent ce genre.

Son caractère distinctif consiste en une fleur monopétale infundibuliforme, que les uns nomment calice et les autres corolle ; elle est divisée, par son limbe, en six parties à divisions égales. Les étamines, au nombre de six, sont insérées au sommet de la fleur, et la débordent de la moitié de leur longueur ; leurs anthères sont longues et vacillantes ; le stigmate est trifide, et termine un ovaire qui devient une capsule amincie aux deux extrémités, presque triangulaire et divisée en trois loges. Plusieurs des espèces d’agavé sont vivipares, c’est-à-dire qu’au lieu de donner des graines, elles produisent discoboles, ou de petites bulbes qui sont des plantes toutes formées, sans avoir passé par l’état d’œuf ou de semences. Des six espèces de ce genre qui sont connues dans ce moment, deux seules sont employées dans l’économie rurale et domestique. Nous nous restreindrons à ne parler que de ces dernières.

La première est l’agavé d’Amérique, Lam. dict. n°. 1. Agave Americana L. C’est l’Aloe folio in oblungum aculeum abeunte de C. B. et de Tournefort. Voici son caractère spécifique :

Fleurs, portées sur une tige ou hampe nue, cylindrique, simple, haute d’environ vingt pieds, au sommet de laquelle est une panicule pyramidale garnie d’un très-grand nombre de fleurs. Cette panicule forme une girandole qui se développe avec une grande promptitude, et soutient plusieurs milliers de fleurs dont la couleur est d’un blanc jaunâtre.

L’opinion populaire est que cette plante ne fleurit que tous les cent ans, et que le développement de sa floraison est précédé d’une explosion semblable à un coup de canon. Le merveilleux captive toujours la multitude, ce qui fait que cette opinion est très-répandue. La vérité est que cet agave ne fleurit que lorsqu’il a une certaine force, à laquelle il parvient en huit ou dix ans dans les climats chauds, tandis qu’il ne l’obtient qu’après quarante, cinquante ans, et même un plus grand nombre d’années encore dans les pays froids où on le cultive dans des pots ou dans des caisses ; que ses hampes ou tiges de fleurs croissent de trois, quatre, et sept pouces en vingt-quatre heures ; que