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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/188

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partie à la charrue et partie à bras d’hommes, suivant les plantes cultivées, et les terres sont économiquement amendées avec l’engrais connu sous le nom de poudrette, et avec du fumier.

Cependant, malgré la cherté des bras employés à cette petite culture, les cultivateurs de cette localité trouvent dans la vente de leurs récoltes assez de bénéfices pour porter la valeur locative de leurs terres depuis 100 jusqu’à 200 francs de l’arpent, suivant leur qualité.

Les environs des grandes villes offrent les mêmes ressources à l’industrie de la petite culture, et y présentent à peu près les mêmes résultats.

Dans les autres cantons de petite culture, c’est l’intérêt local qui dirige l’industrie du cultivateur, et il est subordonné à la nature du terrain, à la température du climat, et aux besoins de ses localités. Veut-on connoître une bonne culture du chanvre ? que l’on visite Crouy-sur-Ourcq et ses environs.

Désire-t-on avoir des données certaines sur la meilleure culture du lin, de l’œillette, de la navette et du colzat ? que l’on voyage dans la Flandre.

Enfin, si l’on veut savoir la meilleure manière de cultiver les pommes de terre, le maïs, la garance, etc., et connoître les différens procédés de la culture de la vigne, que l’on parcoure les Ardennes, l’Àuxois, l’Alsace, etc., et tous les vignobles renommés.

Par-tout on trouvera, chez les cultivateurs, un esprit d’observation entièrement tendu vers le principal objet de leur industrie agricole, et des connoissances acquises qu’on n’attendoit pas de l’ignorance apparente de la plupart d’entr’eux.

En comparant ensemble les procédés employés dans les différentes localités pour la culture des mêmes objets, on apercevra des différences qui ont été indiquées par celles du climat, des expositions et de la nature des terrains ; car ces différences ne peuvent être dues à la routine de chaque localité ; elles doivent donc être nécessairement attribuées à une longue suite d’observations et d’expériences qui constatent l’intelligence de ceux à qui l’on doit ces perfectionnemens locaux.

Dans le moment où nous écrivons, les progrès que la petite culture française avoit faits, jusqu’à l’époque de la révolution, semblent être stationnaires, malgré l’activité qu’elle a donnée à toutes les têtes. Nous croyons en trouver la cause, dans une augmentation de propriété que les petits cultivateurs ont eu la facilité d’acquérir, lors de la vente en petites parties des domaines nationaux.

Par cette opération, des terres anciennement consacrées aux domaines de la grande et de la moyenne culture ont augmenté le nombre de celles qui suffisoient aux besoins de la petite culture ; tandis que les bras qui y étoient employés, loin de s’augmenter dans la même proportion, ont été diminués par de longues guerres, à la vérité glorieuses, mais infiniment meurtrières.

Et, lors même que la population n’auroit pas été diminuée par ces guerres sanglantes, les bras de la petite culture n’auroient plus été en nombre suffisant pour bien cultiver le supplément de terres qu’elle avoit réunies à celles de son ancien patrimoine, et leur culture a dû en être nécessairement négligée. D’un autre côté, les disettes survenues depuis cette époque ont détourné les petits cultivateurs du principal objet de leur culture. La culture des céréales n’y entroit que comme récolte de rotation ; elle est devenue récolte principale, parce que la faim ne calcule pas.

Cette déviation, contraire à l’intérêt des petits cultivateurs, a occasionné la détérioration de leurs terres, et il faudra bien du temps et des bras, pour les re-