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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/187

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petite culture. De toutes les manières de cultiver la terre, la meilleure est, sans contredit, la culture à bras d’hommes.

La bêche et la houe sont les instrumens employés à cette culture ; et comme les terres n’ont pas la même profondeur, l’homme sait manier son outil, de manière à donner au labour de chaque terre la profondeur qui convient à sa nature.

Mais, comme la culture à bras d’hommes est la plus dispendieuse, on ne peut pas l’employer indifféremment à celle de toutes les plantes. On ne doit cultiver de cette manière que celles dont la récolte puisse, en la vendant, non seulement indemniser le cultivateur de ses avances en frais de culture, semence, et amendement, mais encore lui procurer un bénéfice proportionné à ces avances et aux risques que l’incertitude de la récolte lui aura fait courir ; autrement, il seroit en perte.

Dans le nombre des plantes dont la récolte ne peut pas indemniser suffisamment le cultivateur à bras, nous mettons les céréales en première ligne.

Aussi, si un manœuvre ou petit propriétaire vouloit calculer le temps qu’il emploie à cultiver avec ses bras un arpent de terre qu’il veut ensemencer en blé, le prix de son amendement, le temps qu’il emploie à sa récolte et à son battage, et en comparer le prix total avec celui qu’il retireroit de la vente de cette récolte, il se trouveroit le plus souvent en perte.

Ce désavantage réel de la culture à bras, dans celle des céréales, a fait imaginer depuis bien des siècles des moyens plus économiques de labourer la terre, et la charrue a été inventée. Cet instrument a été localement perfectionné suivant la nature et la position des terres : on le trouve d’autant plus parfait dans chaque localité, que la culture des céréales y est plus avantageuse au cultivateur.

Aussi, les meilleures charrues connues en France, les charrues de France et de Brie, sont-elles en usage exclusif dans presque tous les pays de grande culture ; et, à mesure que l’on parcourt les pays de moyenne et de petite culture, on trouve les charrues de plus en plus défectueuses.

Mais, si les labours à bras d’hommes sont trop dispendieux pour être employés dans la culture des céréales, ils sont préférables aux labours à la charrue dans celle des plantes potagères, légumineuses, filamenteuses, huileuses et colorantes, et dans celle de la vigne ; en sorte que, si la nature, prévoyante dans toutes ses institutions, a privé le petit cultivateur ou le journalier des avantages de pouvoir cultiver avec ses bras les grains qui servent à sa nourriture, elle l’en a indemnisé avec largesse, en lui assignant une occupation, plus profitable, et qui lui fournit de quoi se procurer des subsistances et élever sa famille.

C’est en examinant en France les occupations de la petite culture dans ses différentes localités, que l’on peut se faire idée du perfectionnement que chacune a acquise depuis un demi-siècle, selon l’intérêt qu’on a trouvé à son amélioration.

En effet, que l’on sorte de Paris, qu’on en visite les environs à deux lieues de distance, on trouvera les terrains sablonneux, naguères en friche, aujourd’hui couverts de plantes potagères, de plants d’asperges, d’artichauts, de pois, de haricots, de pommes de terre, de navets, de groseillers, de rosiers, etc. Ces terres sont entremêlées de prairies artificielles et de seigle pour la nourriture des bestiaux. Point de jachères, point de petit coin de terre qui n’y soit en rapport ; mais aussi point de froment, la terre n’y a pas assez de consistance.

Ces différentes cultures sont faites,