Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/205

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AILES, (Jardinage pratique.) Dans les arbres d’espaliers, de contre-espaliers on en éventails, taillés sur deux branches, d’après les principes de Montreuil, on appelle ailes les séries de branches qui se portent à droite ou à gauche d’un tronc d’un arbre. Ainsi, on dit l’aile droite ou l’aile gauche d’un arbre, pour désigner la totalité des branches qui se portent de ces côtés. Quelquefois l’aile droite d’un arbre est bien portante et vigoureuse, tandis que celle qui lui est opposée est languissante, et jaunit. Cela provient souvent d’un vice qui affecte les branches mères qui donnent naissance à cette aile, ou d’un malaise des racines qui se trouvent de ce côté, occasionné par un mauvais terrain, ou par des animaux qui rongent ces racines : dans l’un ou l’autre cas, il faut tailler très-court le côté malade, et très-long au contraire le côté vigoureux, sans s’embarrasser d’une symétrie hors de saison, et qui pourvoit occasionner la ruine de l’arbre. (Th.)


AIMANT, (Physique.) Les propriétés médicinales des aimants sont regardées aujourd’hui comme une chimère par tous les médecins éclairés. En général, lorsque l’on découvre dans la nature un nouveau phénomène, on est toujours tenté d’en déduire des propriétés merveilleuses, et de le croire un remède universel. Le motif de ces espérances est très-louable, mais on ne doit pas s’y livrer trop légèrement ; d’un autre côté, il n’est pas d’un bon esprit de se refuser sans raison à tout ce qui est nouveau. Il faut laisser faire les essais aux gens de l’art, et attendre que des expériences nombreuses, publiques, et autorisées par le gouvernement, en garantissait le succès. Telle est, par exemple, aujourd’hui l’inoculation de la vaccine, dont les bienfaits sont tellement prouvés, que l’on seroit coupable si l’on n’en profitait pas. (I. B.)


AIR, (Physique.) L’air n’est point invisible par lui-même. Quelle que soit sa transparence, il intercepte sensiblement la lumière, il la réfléchit comme tous les autres corps. Mais les particules qui le composent, étant extrêmement petites, et très-écartées les unes des autres, on ne peut les appercevoir que lorsqu’elles sont réunies en grande masse. Alors la multitude des rayons lumineux qu’elles nous renvoient produit sur nos yeux une impression sensible, et nous voyons que leur couleur est bleue. En effet, l’air donne une teinte bleuâtre aux objets entre lesquels il s’interpose ; cette teinte colore très-sensiblement les montagnes éloignées, et elle est d’autant plus forte, qu’elles sont plus distantes de nous : aussi, pour rendre les objets éloignés, faut-il diminuer leur éclat, ou, suivant l’expression reçue, les éteindre et affoiblir leurs couleurs propres, par une teinte générale de bleu plus ou moins foncé. C’est encore la couleur propre de l’air qui forme l’azur céleste, cette voûte bleue qui paroît nous environner de toutes parts, que le vulgaire appelle le ciel, et à laquelle tous les astres nous paraissent attachés. À mesure que l’on s’élève dans l’atmosphère, cette couleur bleue diminue avec la densité de l’air qui la réfléchit ; et sur le sommet des hautes montagnes, ou dans un aérostat, le ciel paroît presque noir.

L’air est donc autour de la terre comme une sorte de voile brillant qui multiplie et propage la lumière par une infinité de répercussions.

On disoit aussi autrefois que l’air n’est peut-être pas pesant par lui-même, mais seulement à cause des matières hétérogènes qu’il contient. Cette objection est tout à fait sans fondement ; on sait aujourd’hui que l’air atmosphérique, tel que nous le respirons, est un mélange de deux airs ou fluides aériformes