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d’espèce différente, et qui sont pesans tous les deux. Aucun fait physique ne nous montre ce prétendu air élémentaire et sans pesanteur dont il est question. Nous n’avons donc aucun sujet de croire qu’il existe.

Tout ce que l’on savoit à la même époque sur l’influence de l’air dans la végétation, est fort incertain. On sait qu’il y est utile et nécessaire ; mais on ignore en quoi et comment. Par exemple, il n’est pas du tout certain que ce soit son poids qui pousse les sucs dans les racines et dans les tiges. Ces racines et ces tiges, sont des tuyaux très-fins et capillaires ; on sait que les fluides s’élèvent dans des tuyaux de ce genre, même quand on les place sous un récipient où l’on fait le vide. D’ailleurs, il paroît, par un grand nombre d’expériences, que la nourriture des végétaux se fait par une action vitale qui leur est propre. Les nombreuses découvertes que l’on a faites sur la physique végétale permettent maintenant de substituer un doute réfléchi à des assertions hasardées.

Un fait très-curieux, et qui est une découverte moderne, c’est que la chaleur animale est produite et entretenue par la respiration. C’est l’air qui l’abandonne en se combinant avec le sang dans les poumons ; mais cette combinaison se fait peu à peu, et le sang entraînant cet air avec lui dans les canaux où il circule, y porte aussi le germe de la chaleur et de la vie. (I. B.)

Air, (Chimie.) Avant les découvertes de Priestley et de Lavoisier, on avoit des idées si inexactes sur la nature de l’air, sur la manière dont il agit dans la végétation, que l’on regardoit comme des principes semblables la substance absorbée par les plantes, celle qu’elles dégagent sous l’eau, et même tous les gaz qu’on obtenoit de la destruction de leur tissu par le calorique. L’air est ce fluide pesant, élastique, inodore, qui environne la terre de toutes parts, devient le séjour des météores, et qui concourt à la formation et au développement de tout ce qui existe sur le globe. Il est, d’après les belles expériences de Lavoisier, une combinaison de vingt-sept parties d’oxigène sur soixante-treize d’azote, et d’un centième d’acide carbonique.

Tous les corps combustibles, et tous les animaux, en brûlant, font l’analyse de l’air, dont ils absorbent l’oxigène, tandis que les végétaux, agissant d’une manière inverse, s’emparent de l’azote. Hales découvrit le premier l’influence de l’air dans la végétation ; Priestley fit voir que les plantes ont la propriété de se purifier, en absorbant les gaz nuisibles à la combustion et à la respiration, qu’elles remplacent par du gaz oxigène ; Inghenouse, en répétant les expériences de Priestley, trouva que le dégagement de ce gaz par les plantes placées sous l’eau étoit d’autant plus actif, que la lumière étoit plus intense, et que cette action se trouvoit suspendue à l’obscurité, et pendant la nuit. Malgré toutes ces recherches, celles de Sennebier, de Saussure, les faits qu’on a obtenus nous font juger combien il sera difficile d’avoir sur la végétation des résultats bien exacts, à cause du nombre de substances qui agissent dans cette opération ; car, quoique l’air soit essentiellement nécessaire aux plantes, cependant il ne peut contribuer seul à leur développement ; elles ont toutes besoin, pour croître, et se conserver dans l’état de santé, du concours de l’eau, de la lumière, de la chaleur, de la terre, et de l’acide carbonique. L’activité de la germination, augmentée par l’oxigène, l’absorption de ce principe par les terres, leur fécondation par la neige et la rosée, sont du petit nombre de faits dont s’est enrichie la physiologie végétale. Mais que d’incertitudes et d’obscurité, dans tout ce qui