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guider, des baguettes surmontées de cartes ou morceaux de papier, insérés dans une fente. Cela fait, on revient vers ce lieu, avec un second, à la nuit avancée. On aura encore attention de choisir un temps obscur, pas assez néanmoins pour que l’on ne puisse distinguer les objets à trente ou quarante pas. Arrivés dans le champ qu’ils veulent parcourir, les chasseurs déploient leur traîneau, attachent à chaque bout, et dans le sens de sa largeur, leurs perches ou flèches, et les portant horizontalement, marchent en silence, séparés l’un de l’autre de toute la longueur du filet. On laisse d’ordinaire pendre à terre un pied de ce filet qui, traînant dans toute sa longueur derrière les porteurs, force le gibier à se lever. Le bruit qu’il fait alors, est le signal de laisser tomber les perches ; et par ce moyen on capture souvent, d’un seul coup, une bande considérable de dormeuses. Il est bon qu’un seul des chasseurs se charge de donner à son compagnon les différens signaux dont ils seront convenus, pour avancer, s’arrêter et exécuter les divers mouvemens que demande cette chasse, l’une des plus destructives que l’on puisse faire aux alouettes. On peut aussi la tenter pendant le jour, lorsque le ciel est sombre et couvert d’épais nuages.

Le traîneau dit composé, semblable au traîneau simple, dans sa forme et sa matière, en diffère seulement, en ce qu’il est plus ample et qu’il bourse davantage ; ce qui s’obtient en donnant à ce filet une longueur et une hauteur doubles de celles du précédent ; mais dans ce cas, le cordonnet qui sert à le border, comme on l’a vu plus haut, conserve les mêmes proportions que dans le traîneau simple ; et alors, ou conçoit que le filet, dont les dimensions sont doublées, est obligé de froncer de tous côtés. Mais pour que cette ampleur ne retombe pas en masse vers le milieu, on attache sur la hauteur, et de deux pieds en deux pieds, des cordonnets qui traversent d’un bord à l’autre, et forment dans la longueur du filet plusieurs plis ou rides parallèles. L’avantage de cet appareil est de dispenser les chasseurs de s’arrêter. En effet, on ne laisse point tomber ce traîneau, comme le précédent, lorsque le gibier se lève dessous. Les plis qu’il forme, comme je viens de le dire, et qui rasent l’extrémité du chaume, suffisent pour envelopper et embarrasser tellement les alouettes, qu’on a le temps de parcourir tout un champ, avant que les premières prises aient pu réussir à se dépêtrer. L’on ne s’arrête donc que quand l’on juge sa proie assez considérable pour la recueillir, et la mettre en sûreté. (Voyez la forme du traîneau composé, à la Planche III, figure 1re.)

Les nappes sont une autre espèce de filet, que l’on emploie pour chasser, comme il a été dit, soit au miroir, soit à la ridée. Le fil dont elles sont formées doit être à trois brins et retors, mais moitié plus fin que celui qui convient au traîneau, parce que le jeu de ce filet demande beaucoup de légèreté ; ses mailles sont en losange et de douze lignes de diamètre. Ses dimensions, selon les auteurs qui ont traité de cette chasse, doivent être de huit pieds de hauteur ou largeur, sur quarante-huit de longueur. Mais l’expérience démontre que les mouvemens des nappes qui n’ont que six pieds de largeur sur quarante-cinq pieds au plus de longueur, sont toujours plus faciles et plus sûrs. J’ai remarqué, en parlant du traîneau, que sa longueur réelle devoit excéder d’un tiers celle qu’on vouloit qu’il conservât tendu : cette observation s’applique encore aux nappes qui doivent être faites avec la même précaution. Aux deux lisières de chaque nappe, et selon leur longueur, s’attache, de