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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/214

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dérée comme gibier, l’alouette présente un mets recherché, sur-tout aux environs des grandes villes, où le débit en est sûr et avantageux. Sous ce rapport, elle a excité l’industrie destructive des oiseleurs et des habitans des campagnes, d’où il est résulté différentes sortes de pièges que je vais décrire pour les cultivateurs qui voudroient consacrer leurs loisirs à cette chasse utile et amusante.

Le plus simple de ces pièges est celui des collets traînans, dits aussi, lacets. Lorsque l’on connoît un champ fréquenté par les alouettes, on tend le long d’autant de sillons qu’on le juge à propos, de fortes ficelles, longues chacune de vingt-quatre à trente pieds. À ces ficelles sont fixés, de deux pouces en deux pouces, des collets faits de deux crins de cheval : ils sont à leur extrémité terminés par des nœuds coulans et couchés horizontalement au fond des sillons, le long desquels on jette çà et là quelques grains d’orge ou de froment. L’alouette, attirée par cet appât, s’engage dans les sillons, et se prend ou par les pattes, ou par le cou : il y vient aussi d’autres oiseaux. Pour que le gibier pris ne fatigue pas les ficelles en se débattant, on les arrête de deux pieds en deux pieds par de petits crochets de bois, que l’on fiche en terre. Plusieurs hommes peuvent s’amuser à pousser doucement, vers les collets, les alouettes des champs voisins.

Des oiseleurs conseillent de s’occuper de cette chasse, au printemps, lors de la réapparition des alouettes : mais c’est, comme je l’ai remarqué au commencement de cet article, en détruire d’avance la reproduction.

Après les lacets on emploie avec avantage, pour la chasse aux alouettes, diverses sortes de filets, dont quelques uns servent à prendre d’autres oiseaux. Les filets les plus particulièrement destinés aux alouettes, sont les traîneaux, et les rets saillans ou nappes, dont on fait usage dans la chasse au miroir, et pour la ridée.

Les traîneaux sont simples ou composés. Le traîneau simple est formé d’un fil retors en trois brins, de la grosseur de celui que l’on nomme vulgairement fil de Bretagne. Les mailles de ce filet sont en losange, et ont quinze lignes de diamètre. Sa longueur commune est de vingt quatre à trente pieds, et sa hauteur de douze. On remarquera, en général, que pour que tout filet tendu et préparé conserve la longueur qu’on aura déterminée, il doit avoir, dans son état naturel, un tiers en sus de cette dimension. La raison en est que la maille devant s’ouvrir et s’étendre dans la largeur, elle ne peut le faire qu’aux dépens de la longueur. Ainsi, par exemple, on donnera réellement quarante pieds de long au filet que l’on voudra avoir tendu sur trente. Revenons au traîneau, et à la manière de l’employer.

D’abord, il faut maintenir ce filet dans ses largeur et longueur désirées, en le bordant d’un cordonnet gros comme une plume à écrire. On placera ensuite sur sa largeur ou hauteur, et à trois pieds de distance l’un de l’autre, des cordons ou fortes ficelles : ces cordons sont destinés à attacher à chaque bout du filet deux perches ou flèches qui servent à le porter. Ces perches doivent être d’un bois souple et léger, tel que l’aune ou le frêne ; elles auront quinze lignes environ de diamètre et dépasseront chacune de trois pieds, et d’un côté seulement, la largeur du filet, le long duquel elles doivent être fixées. La chasse au traîneau se fait de nuit. Lorsque l’on connoît un champ où les alouettes se rassemblent volontiers, on observe, au coucher du soleil, leurs divers mouvemens. Dès que l’on a connoissance du lieu où elles se disposent à passer la nuit, on y plante, pour le reconnoître et se