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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/223

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bine. la partie dd est un couvercle mobile qui se lève comme celui d’une tabatière, et qui est percé d’un trou par lequel passe la broche avant qu’elle ne soit surmontée d’un miroir. Les trous t donnent passage à la ficelle envidée sur bobine. Cette chasse se pratique le matin jusqu’à midi. L’époque la plus favorable est celle de la fin de l’été et du commencement de l’automne, jusqu’au mois d’octobre environ. Il faut que le soleil luise ; les jours de gelées blanches sont très-favorables, parce que l’alouette commence à chercher le soleil ; et il paroît que c’est ce sentiment qui l’attire vers la lumière que jette le miroir mis en mouvement. Quelque soit au reste l’instinct qui la porte vers cet éclat trompeur, il est certain qu’il a pour elle un attrait funeste. Ou la voit venir voleter et badiner autour de la fatale machine ; et dès que le nappiste juge sa proie à bonne portée, il quitte la corde de son miroir, à moins qu’il n’ait avec lui un tourneur, saisit celle du tirage et, se jetant en arrière, ramène sur les imprudens oisillons les nappes qui les enveloppent. Il est des jours où les alouettes mirent du haut, et semblent ne vouloir pas descendre au miroir ; dans ce cas on fait jouer un autre piège qui achève d’assurer leur perte. À quelque distance du miroir, on plante un petit piquet où l’on attache par la patte une alouette vivante ; et à son défaut, on se munit de deux ailes d’alouettes fixées à une petite baguette que l’on place sur ce même piquet. Une longue et légère ficelle tendue jusqu’au chasseur, lui donne le moyen de faire voltiger son alouette ou d’agiter ces ailes. Cet appareil, qu’on appele moquette, contribue efficacement à faire descendre les alouettes qui n’échappent pas à cette nouvelle embûche. J’ai présenté le mécanisme le plus simple de la rotation du miroir. Il est quelques autres méthodes qui n’en diffèrent pas très-essentiellement. Par exemple, au lieu de placer la bobine de la broche du miroir verticalement au dessus du piquet, on entaille ce même piquet, un pouce au dessous de sa tête. Cette entaille carrée est profonde d’un pouce et demi et longue de deux. Le piquet est d’ailleurs percé, comme il a été dit ci-dessus, d’un trou vertical, et c’est dans cette entaille que s’envide, autour de la broche qui la traverse, la corde qui meut le miroir. Cette disposition est exactement celle des moulinets des enfans.

Si les mouvemens du bras de celui qui fait jouer le miroir cessent d’être bien égaux, la machine peut s’arrêter. Pour remédier à cet inconvénient, on envide par son milieu, autour de la bobine, une très-longue corde, dont les deux extrémités réunies dans les deux mains du nappiste, et tirées alternativement, impriment au miroir, comme au tour d’un tourneur, une rotation qui ne s’arrête point. On a aussi appliqué aux miroirs le rouage d’un tournebroche. Ce rouage est mû, soit par un ressort, soit avec une corde double envidée sur une noix ou bobine. Les amateurs trouveront ces machines chez les fabricans d’instrumens de chasse, et il est inutile de s’y arrêter, ainsi qu’au miroir anglais, qui est un plateau horizontal, monté sur une branche ou bras élastique et balancé de haut en bas par une corde attachée à la branche, et qui descend vers la terre, au moyen d’un piquet percé d’un trou ou garni d’un anneau par lequel passe cette corde. Ce miroir n’a pas eu de succès en France.

Le miroir sert encore à chasser l’alouette au fusil, et c’est même le seul moyen de rendre cette chasse profitable. Un bon tireur, placé convenablement, et rassemblant beaucoup de ces oiseaux autour de son miroir, peut raisonnablement espérer de se voir dédommagé de sa poudre et de son plomb.

Les nappes qui servent à la chasse an miroir, sont aussi employées, pour la