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de les partager en plusieurs plans étroits, de manière sur-tout que le sommet ne soit point terminé en vive-arrête et présente une petite surface. Cependant, chez les marchands on ne trouve communément que des miroirs dont les côtés n’ont qu’un plan et se réunissent au sommet en vive-arête. La forme de la base ou du dessous du miroir est encore une partie sur laquelle on n’est pas d’accord : les uns veulent que cette base soit droite et plate, ce qui donne au miroir la forme d’un petit toit ; d’autres préfèrent que cette base, ainsi que l’ensemble du miroir, dessinent une courbe ou portion de cercle, et que la machine présente en quelque sorte le profil d’un C un peu allongé et renversé le dos en haut. La raison qui fait préférer cette forme est que le miroir mis en mouvement forme mieux le globe. (Voyez figure 8.) C’est par la même raison que l’on emploie aussi pour les miroirs un morceau de bois rond et un peu convexe, à peu près comme seroit une assiette creuse renversée.

Après avoir donné à son morceau de bois, qui est ordinairement un morceau de tilleul, la forme qu’on juge convenable, on y pratique des entailles dans lesquelles on incruste de petits morceaux de miroir. Pour les sceller dans le bois, on emploie un mastic composé de trois onces de poix noire que l’on fait fondre, et dans laquelle on mêle quatre onces de ciment rouge tamisé. On emploie ce mélange chaud, et l’on juge qu’il est bon quand il n’est ni trop cassant, ni trop mou. On peint ensuite le bois d’un rouge-brun, et à la colle seulement, ayant soin de ne pas ternir les petits miroirs. On a vu des machines recouvertes, au lieu de morceaux de glaces, d’une feuille d’argent bruni et qui jetoit beaucoup d’éclat. Pour monter son miroir, on y enfonce par dessous, et au milieu, une broche de fer longue de six pouces environ, et grosse comme une forte plume à écrire. Il est bon que l’extrémité qui doit entrer dans le miroir soit terminée en carrelet à la longueur d’un pouce, pour s’y fixer plus solidement. À cette même broche, et à peu près au milieu, est adaptée une bobine, haute d’environ deux pouces, autour de laquelle s’envide la ficelle qui fait tourner le miroir, et l’extrémité du fer dépassant la bobine entre dans le trou vertical d’un fort piquet enfoncé en terre, et dont la tête ou le dessus est percé à la profondeur de deux pouces. Si, pour enfoncer ce piquet, on frappoit sur cette tête, on sent qu’on l’écraseroit bientôt et que l’on boucheroit le trou. L’on a donc un autre petit morceau de bois garni d’une petite broche de la profondeur du trou du piquet, et dans lequel on la place ; on frappe alors sur le petit morceau de bois qui chasse le piquet, et que pour cela on appelle un poussoir. Les chasseurs bien équipés ont pour enfoncer tous leurs piquets un outil appelé masse à pic, qui, d’un côté, fait marteau, et de l’autre pic ou pioche. Ce dernier côté leur sert à remuer la terre au besoin. Lorsque le miroir est planté, et il doit l’être toujours au milieu de l’espace contenu entre les deux nappes ouvertes, le chasseur envide sur la bobine une corde fine connue sous le nom de fouet. Cette corde s’étend jusqu’à la forme où il se place. Elle y est attachée à une poignée de bois qui, tirée et lâchée par des mouvemens égaux du bras, fait tourner le miroir sur son pivot, par le même principe que tournent les moulinets que fabriquent les enfans, en plaçant une pomme ou quelqu’autre corps au bout d’une verge ou courte baguette qu’ils passent dans une noix ou gros noyau évidé. Le miroir dessiné figure 8 est celui qu’on trouve chez les marchands : sa partie supérieure dd, cc, est une boîte ou étui assez large et long pour recevoir la bo-