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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/263

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en adaptant au bout de son conduit de cuir, un ajutoir court, pour laver les feuilles et le jeune bois des arbres en espalier, lorsqu’ils sont couverts de pucerons, de la petite araignée blanche, et d’autres insectes nuisibles. Ce procédé, qui est coûteux pour la main-d’œuvre, ne peut être employé que dans les jardins dont la culture est recherchée.

Au tonneau. L’arrosement au tonneau remplace celui à l’arrosoir, dans les grands jardins où les eaux sont éloignées des cultures : un tonneau porté sur une petite charrette traînée par trois hommes porte plus d’eau, et arrose plus promptement, que ne pourroient le faire cinq ouvriers dans le même laps de temps, et ils sont moins fatigués. On arrose, par ce moyen, les caisses dispersées dans un grand parterre, les fleurs répandues dans les plate-bandes, les arbres et arbustes, ainsi que les plantes vivaces qui ont besoin d’être arrosées.

Il est des jardins dans lesquels on fait usage de tonneaux qui tiennent cinq à six muids, et qui sont montés sur des voitures traînées par des chevaux. Un robinet, auquel est attaché un tuyau de cuir, sert à l’écoulement des eaux, et à les conduire au pied des arbres et sur les caisses que l’on veut arroser.

Pour accélérer encore davantage les arrosemens, on se sert de grandes tonnes cerclées en fer. Elles ne sont pas placées sur les voitures dans leur longueur, mais bien sur leur sens opposé ; il en résulte que les deux fonds se trouvent sur les côtés de la voiture, chacun d’eux a son robinet et le cuir qui en dépend fixés à l’endroit le plus près du fond.

Cette voiture a l’avantage, en passant entre deux rangées de caisses, de les arroser toutes deux à la fois. On peut voir un tonneau de cette espèce, dans l’orangerie de Versailles, où il est employé avec succès, économie et diligence.

Quand et comment on doit arroser. Les arrosemens ne maintiennent, n’aident et n’accélèrent la végétation, qu’autant qu’ils sont faits à propos. Administrés à contre-temps, ils sont nuisibles aux végétaux, et occasionnent leur dépérissement et leur mort. Il faut avoir égard à la nature des végétaux, à leur état de santé ou de maladie, aux différentes saisons de l’année, et même aux diverses époques de la journée, pour les empêcher d’être nuisibles, et au contraire, les rendre le plus profitables à la végétation.

En hiver. Les jours sont très-courts, les rayons du soleil, ne tombant qu’obliquement sur la terre, n’en échauffent que foiblement la surface, l’air est chargé d’humidité, et la terre est imprégnée des pluies de l’automne et par les neiges qui la couvrent dans la plus grande partie de l’Europe septentrionale ; d’ailleurs, les plantes végètent peu dans cette saison. Celles qui sont vivaces ont perdu leurs tiges, et toute leur sève est renfermée dans leurs racines. Les arbres, pour la plupart dépouillés de leurs feuillages, sont dans un état de repos et de sommeil. Ceux d’entr’eux dont le feuillage est perpétuel, trouvent dans l’humidité répandue dans l’air, non seulement la quantité d’eau nécessaire à leur végétation lente, mais encore les gaz et les alimens qui font la base de leur nourriture. Ainsi donc les arrosemens des prairies, des champs, des jardins doivent cesser entièrement pendant l’hiver : dans notre climat, et dans ceux qui sont encore plus septentrionaux, ils seroient nuisibles aux cultures, puisqu’ils les rendroient plus accessibles à la gelée.

Mais, dans les différentes espèces de serres où la végétation des plantes des climats chauds est entretenue par une température douce, les arrosemens doivent toujours se continuer. Il doivent être peu fréquens, et modérés dans leur