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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/264

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quotité. Il est des natures de plantes, telles que les succulentes, qui ne doivent être arrosées que trois ou quatre fois dans le courant de l’hiver ; d’autres, comme les plantes à racines bulbeuses, tubéreuses, ou charnues, qui, ne végétant pas ou très-foiblement dans cette saison, n’ont besoin que de légers arrosemens, plus propres à tenir les molécules de terres liées entr’elles, qu’à fournir à la végétation de ces plantes.

Il est des arbres et des arbustes qu’on cultive dans des pots ou dans des caisses, et qui ont besoin d’arrosemens plus multipliés et plus abondans. Tels sont les orangers, les myrtes, les diverses sortes de lauriers, et autres, qui sont dans une végétation perpétuelle. Mais, comme les jours sont plus courts, que l’atmosphère de la serre est ordinairement plus humide, il convient de diminuer le nombre ainsi que la quotité des arrosemens, et de les rendre des deux tiers moins considérables qu’en été.

L’époque de la journée la plus favorable à l’arrosement des plantes dans les serres chaudes, pendant l’hiver, est vers le milieu du jour. Il faut observer en arrosant, et sur-tout lorsque le soleil paroît, de ne pas répandre de l’eau sur les feuilles des plantes, mais de la verser sur leurs pieds : les globules d’eau répandus sur les feuilles, ayant la propriété de rassembler les rayons du soleil, produisent l’effet d’une loupe, ils brûlent les feuilles, et y laissent des taches aussi nuisibles à la végétation des plantes que désagréables à l’œil. On observe encore de ne pas arroser en même temps toutes les plantes qui sont renfermées dans une même serre, mais seulement de donner de l’eau a celles qui en ont un plus pressant besoin : cette précaution est nécessaire tant pour ne pas occasionner une humidité surabondante dans la serre, ce qui seroit nuisible à la totalité des végétaux qui y sont renfermés, que pour ne pas exciter une évaporation trop considérable, qui refroidiroit l’atmosphère de ce lieu fermé. En axiome général, il ne faut arroser les plantes des serres, pendant l’hiver, que le moins possible. On perd plus de plantes par trop d’arrosemens, qu’il n’en périt par défaut dans cette saison.

Au printemps. Dans cette saison, le soleil montant sur l’horizon acquiert de la force, les jours augmentent en étendue, le ciel devient plus serein, les eaux pluviales sont moins abondantes et plus chaudes ; enfin, la terre entre en fermentation, les végétaux se réveillent de leur long assoupissement. C’est alors qu’il convient de seconder la nature par des arrosemens sagement administrés ; il faut les répéter souvent, et les faire moins copieux. Trop abondans, ils refroidiroient la terre et l’empêcheroient d’entrer en amour : moins répétés, ils ne fourniroient point le véhicule nécessaire à cette fermentation si utile. Pour administrer les arrosemens avec succès, il faut connoitre la nature de son terrain ; s’il est de qualité argileuse et compacte, il faut suspendre les arrosemens ; car cette sorte de terre est froide, et les productions qu’elle fournit ne sont tardives, que parce qu’elle recèle trop long-temps l’humidité. Si, au contraire, le terrain qu’on cultive est de nature sablonneuse, meuble et légère, il convient ! de multiplier les arrosemens, et de les rendre plus copieux. L’exposition de ces terrains doit aussi apporter des modifications dans la quantité et la quotité des arrosemens ; ceux situés au nord ont moins besoin d’eau que ceux exposés au soleil du midi. Enfin, une terre dépouillée de végétation, et qui est pénétrée par les rayons du soleil, doit être plus arrosée que celle qui se trouve ombragée par des arbres ; toutes ces circonstances, prises en considération par les cultivateurs, doivent diriger leur conduite dans