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les arrosemens. On commence dans cette saison les arrosemens des prairies naturelles et artificielles, soit au moyen des infiltrations, des submersions, soit par nappes d’eau. Dans les jardins, on arrose les semis nouvellement faits en pleine terre, et les jeunes plants d’arbres ou de plantes dont la végétation hâtive a besoin de ce véhicule pour être accélérée.

Les plantes cultivées dans les serres ont besoin d’arrosemens plus multipliés et plus copieux, que ceux nécessités dans la saison précédente. L’heure de ces arrosemens ne doit pas être la même que celle affectée aux arrosages d’hiver. Il est plus utile de les donner le matin, une heure après l’apparition du soleil, que sur le milieu du jour. Les nuits sont encore fraîches, et il survient souvent des gelées blanches et tardives. Si l’on arrosoit le soir, la gelée auroit beaucoup plus de prise sur des végétaux humectés, que sur ceux qui n’ont qu’une humidité légère.

Qu’on se donne bien de garde d’arroser trop abondamment, dans cette saison, des plantes dont on seroit obligé de diminuer ou de suspendre les arrosemens pendant l’été. Leurs vaisseaux, distendus par une trop grande surabondance de fluide, s’oblitéreroient pendant l’été, lorsqu’on seroit forcé de diminuer la quantité d’eau dont on les a abreuvés dans le printemps. Il en résulte un inconvénient non moins grave ; des fruits légumiers, tels que des concombres et des melons, des racines nourrissantes et des herbages trop arrosés, perdent une grande partie de leur saveur et deviennent presque insipides.

Enfin, les arrosemens de cette saison doivent être plus multipliés et peu abondans. Ils ont moins pour but de tremper la terre à une grande profondeur, que de rafraîchir sa surface ; la nature nous enseigne cette méthode ; les pluies printanières sont très-multipliées, mais elles ne sont pas de longue durée, et elles sont accompagnées de l’apparition d’un soleil très-chaud.

En été. Les végétaux, dans cette saison, sont parés de toute leur verdure ; leur feuillage est arrivé au maximum de sa grandeur ; ces organes, étendus dans l’atmosphère, y pompent une partie de leur nourriture, et ajoutent un nouveau moyen de subvenir à l’existence de leurs individus.

Mais, malgré cette augmentation de moyens, la terre desséchée par un soleil brûlant, l’air devenu plus sec, les pluies étant moins fréquentes et de plus courte durée, le besoin d’eau se fait sentir avec plus de force que dans les autres saisons.

Les arrosemens copieux sont indispensables à un grand nombre de cultures, et leur abondance contribue singulièrement à la qualité et à la quantité des récoltes ; mais ils doivent être proportionnés au degré de chaleur du climat, à la qualité du sol et à la nature des cultures.

Celles des plantes annuelles, qui sont établies sur des terres fortes qui se durcissent et se fendent par la sécheresse, ont besoin d’être arrosées moins fréquemment, mais plus copieusement que les autres ; si elles sont lentes à s’imprégner d’humidité, elles la recèlent et la conservent plus long-temps. Les mêmes cultures formées sur des terrains meubles, légers et sablonneux, ont besoin d’arrosemens plus multipliés, mais moins abondans. Ces sortes de terres ne pouvant garder l’humidité, il est inutile de prodiguer des eaux qui, s’écoulant en terre à une profondeur hors de la portée des racines, ne peuvent tourner à leur profit.

C’est dans cette saison qu’on arrose les prairies naturelles et artificielles avec plus d’abondance, qu’on couvre les rizières d’eau, qu’on imbibe les champs de maïs et autres grandes cultures des campagnes. Dans les marais légu-