Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/276

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Propriétés d’agrément. L’asphodèle jaune peut être mise au rang des plus belles plantes estivales vivaces, de pleine terre. Placée dans de grandes plate-bandes, sur la ligne du milieu, ses quenouilles de fleurs d’un beau jaune d’or, et qui durent près d’un mois, y produisent un bel effet. Groupée avec art sur les bords des gazons, ou sur la lisière des bosquets, elle y jette de la variété ; mais c’est particulièrement dans les jardins paysagistes, dans les sites sérieux, parmi les rochers, et dans les sols agrestes, qu’elle produit de l’intérêt. En général, elle peut entrer dans la décoration de toutes sortes de jardins de plaisance.

Culture, L’asphodèle jaune est une plante rustique, qui croît dans tous les terrains, et à toutes les expositions. Cependant elle est beaucoup plus vigoureuse et plus belle, lorsqu’elle est placée à une exposition chaude, dans une terre légère, profonde et substantielle ; dans cette position, elle se multiplie si abondamment qu’on est obligé, chaque année, de supprimer une partie de ses drageons, pour empêcher qu’ils ne s’emparent du terrain dont ils couvriroient bientôt la surface. Il est donc très-facile de multiplier cette plante, sans faire usage des semis qui exigent des soins, et qui sont plus tardifs à donner des fleurs.

Cependant, lorsqu’on veut la multiplier en grand, il est plus expéditif d’employer la voie des graines. Quoiqu’elles conservent quatre ou cinq ans leur propriété germinative, cependant celles de la dernière récolte lèvent toujours plus abondamment et plus tôt, et par conséquent doivent être préférées. On les sème à l’automne dans un terrain sec et léger, situé à une exposition chaude. Lorsqu’il a été labouré et ameubli avec soin, on y répand les graines à la volée, et on les recouvre d’environ trois lignes d’une terre bien divisée, et dont on a ôté tous les corps étrangers. On affermit ensuite la terre, soit avec le rouleau, soit avec les pieds, et après l’avoir unie, on étend sur toute sa surface une couche de terreau ou de menue paille. Pendant l’hiver, si le froid est rigoureux, on peut couvrir le semis de feuilles sèches ou de litière qu’on enlèvera dès que les froids seront passés. Pour l’ordinaire, les graines ne lèvent que lorsque les chaleurs et les pluies du printemps ont excité une douce fermentation dans la terre ; et, si les pluies se faisoient attendre trop long-temps, il faudroit y suppléer par des arrosemens légers et multipliés à raison du besoin. Quand les semis seront levés, on aura soin de les garantir des mauvaises herbes et d’éclaircir le jeune plant, lorsqu’il aura pris quelque force, afin qu’il puisse profiter davantage, et rester à la même place jusqu’au printemps suivant. L’hiver, s’il survenoit des gelées de six à huit degrés, on feroit prudemment de le couvrir. Mais, aussitôt que le beau temps est arrivé, il faut s’occuper de la transplantation des jeunes individus, et pour cela on choisit une plate-bande d’une nature de terre un peu plus forte que celle du semis, et on a soin de bien l’ameublir. On trace ensuite des sillons, à dix-huit pouces les uns des autres, qui sont coupés à angle droit, par d’autres sillons à égale distance ; ce qui forme de petits carrés réguliers aux angles desquels on place, avec le plantoir, le jeune plant nouvellement arraché du semis. Immédiatement après, on l’arrose fortement, et on couvre la terre d’un pouce de gros terreau de couche. Un séjour de deux années en pépinière suffit au jeune plant pour acquérir la force convenable, et produire des touffes en état d’être mises à leur destination. Tendant ces deux années, toute la culture de ces plantes se réduit à les sarcler, à les biner de temps en temps, et à