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leur donner un labour chaque année ; et, lorsqu’une fois elles sont en place, elles n’exigent d’autres soins que ceux que nécessitent la propreté d’un jardin.

La seconde espèce dont il nous reste à parler est l’asphodèle rameuse, Lam. Dic. n°. 4, (asphodelus ramosus L.) ou l’asphodelus albus, ramosus, mas de Tournefort. Celle-ci se distingue aisément de la première par toutes ses parties, comme on pourra le voir par la description suivante.

Racines, vivaces, formées de plus d’une douzaine de tubercules charnus, longs de trois à cinq pouces, sur deux de diamètre environ, et réunis en manière de botte de navets. Chacun d’eux est terminé par une longue racine fibreuse qui donne naissance à un chevelu délié.

Tiges, hautes de deux à trois pieds, droites, cylindriques, nues, épaisses, pleines, et plus ou moins rameuses dans a partie supérieure. Elles prennent naissance au milieu d’une touffe de feuilles qui sort de la partie supérieure des racines.

Feuilles, radicales, nombreuses, longues de plus de deux pieds, larges d’un pouce à leur base, ensiformes et imitant un peu celles du poireau pour la couleur. Elles se dessèchent, ainsi que les tiges qu’elles accompagnent, chaque année, vers le commencement de l’automne.

Fleurs, nombreuses, ouvertes en étoile, de neuf lignes de diamètre, portées chacune sur un pédoncule court qui sort d’une écaille spathacée, et disposées en épis, lesquels terminent les tiges et les rameaux. Leurs pétales sont d’un blanc de lait, traversés dans leur largeur par une ligne pourpre ; les fleurs commencent à paroître à la mi-floréal, et se succèdent jusque vers le milieu de prairial.

Fruits, arrondis, à trois loges qui renferment beaucoup de semences brunes et anguleuses ; elles mûrissent vers la fin de thermidor, et se conservent en état de germer pendant quatre ou cinq ans.

Lieux. Cette asphodèle est originaire des climats chauds, où elle croît dans les campagnes, sur les coteaux, dans les terrains meubles, secs, et à des expositions chaudes. Sur la côte de Barbarie, elle infeste les récoltes de céréales ; elle vient en Italie, en Espagne, en Autriche, et dans les départemens méridionaux de la France ; elle croît abondamment dans le département de la Vendée ; on la trouve dans les sables du bord de la mer, aux environs de Montpellier, en même temps qu’elle se rencontre sur le mont Champsaur, dans le voisinage de Grenoble.

Usages médicinaux. Les feuilles et les rameaux florifères de cette espèce sont incisifs, apéritifs, détersifs, et emmenagogues. L’infusion de ses parties déterge les vieux ulcères, résout les tumeurs et chasse les venins, suivant les anciennes pharmacopées.

Propriétés économiques. La racine de cette plante, bouillie, écrasée et lavée à plusieurs fois dans de l’eau, pour lui enlever son âcreté naturelle, est employée à faire du pain qu’on dit passablement bon, lorsque cette fécule a été mélangée avec de la farine de blé ou d’orge, et salée. Les habitans des environs de Fontenav-le-Peuple, dans le département de la Vendée, ont eu recours à ce moyen pour se soustraire à la disette, et il n’en est pas résulté de maladies.

On assure qu’on en nourrit les porcs dans le Levant, et que toute la préparation que ces racines exigent consiste à les faire bouillir, à les triturer et à les mêler avec du son, de l’orge, ou autres alimens. Enfin, on en tire un amidon qui peut remplacer, à ce qu’on prétend, celui qu’on tire des grains pour faire la poudre à poudrer.

Une expérience, rapportée par le ci-