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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/31

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de Rome, comme indignes de l’occuper. Les pentes du terrain ont été abandonnées ; les eaux n’ayant plus d’écoulement, séjournent dans les parties basses, y forment des marais infects remplis d’animaux immondes. L’air est malsain une partie de l’année, et délétère pendant tout le reste, au point que les habitans de quelques faubourgs, placés sous le vent de la plaine, sont forcés de se réfugier dans l’intérieur de la ville pendant certaines saisons, pour se soustraire à des fièvres dangereuses, et souvent à la mort. En effet, et nous avons été à même de l’observer plusieurs fois, lorsqu’on regarde vers la chute du jour, de quelques lieux élevés de Rome, la campagne qui l’avoisine, on voit distinctement un brouillard rougeâtre s’élever de son sol, former un nuage épais dans l’atmosphère, et dont l’odorat est affecté d’une manière désagréable lorsqu’il parvient jusqu’à vous. Enfin, il semble que ce pays, jadis le paradis de Rome, ait été consacré à la mort. On n’y rencontre plus que les bouches des catacombes et les débris des anciens tombeaux des Romains, qui gissent épars sur les bords des grandes routes.

Cependant cette terre n’a point changé, de nature, elle est la même aujourd’hui qu’elle a toujours été : mais le gouvernement a changé, et, avec lui, tout le système politique et économique. Non seulement le gouvernement qui a succédé à la république a laissé tomber l’économie rurale, dégrader son sol, vicier le climat ; mais il l’a rendu, par son insouciance, mortel pour les habitans mêmes. Mais hâtons-nous d’opposer à cette triste peinture un tableau consolant.

À l’avènement de Léopold au duché de Toscane, vers le milieu du siècle dernier, ce pays situé au centre de l’Apennin, n’offroit de terrain cultivé avec succès que dans ses étroites vallées, arrosées par des eaux abondantes, et sur les coteaux les moins ra-