Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/30

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de l’agriculture, et par conséquent au bonheur des hommes, que ceux qui sont dictés par le despotisme et l’arbitraire y sont opposés. Rendons cette vérité plus sensible par des exemples connus, et qu’on ne puisse révoquer en doute.

Dans les beaux jours de la république romaine, et même sous les premiers empereurs, la vaste plaine qui environnoit la capitale du monde, suffisoit, en grande partie, par les produits de ses cultures, à nourrir plus d’un million d’habitans.

Elle étoit couverte d’habitations rustiques, de maisons de plaisance, dans lesquelles les habitans de Rome venoient se délasser de leurs travaux guerriers ou politiques. Les pentes du terrain, ménagées avec intelligence, donnoient un écoulement libre aux eaux qui descendoient des montagnes voisines, et à celles qui tomboient sur la plaine. Non seulement les chemins étoient bordés de grands arbres, pour rendre la marche des voyageurs moins pénible, sous un ciel brûlant, mais chaque possession particulière offroit des groupes d’arbres fruitiers sur lesquels serpentoient des vignes dont les pampres procuroient un ombrage favorable aux cultures des céréales et des légumes qui couvroient le reste du territoire. Cette plaine étoit un des magasins de Rome, et, en même temps, l’un de ses plus magnifiques ornemens. Voyons ce qu’elle est aujourd’hui.

Toutes les habitations qui la couvroient ont disparu. Les arbres qui l’ombrageoient ont été détruits, et si complètement, qu’il n’en reste pas un seul. On n’y rencontre pas même un buisson. Un cinquième des terres de cette vaste plaine est mis successivement en culture, et encore par des mains étrangères. Ce sont des habitans de la Marche d’Ancône et des États Napolitains qui viennent, chaque année, labourer le sol, faire les semis et les récoltes. Ces travaux sont regardés, même par la classe la plus indigente