Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/315

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et sa hauteur est toujours de trente ou trente-six pieds : il est bordé ou enlarmé, au pourtour, d’une ficelle peu cablée et du diamètre d’une grosse plume à écrire. Les lieux propices pour tendre ce filet sont les avenues d’un bois, le débouché d’une allée qui conduit à quelque abreuvoir, à des prairies ou endroits humides, les gorges ou vallons où la bécasse aime à s’engager, et où elle peut filer en ligne droite et de plein vol.

Lorsqu’on a trouvé une place convenable, il faut encore choisir deux arbres suffisamment élevés et espacés ; il est quelquefois nécessaire de les dégarnir de celles de leurs plus longues branches, qui s’étendent de part et d’autre vers l’espace que doit occuper le filet. Ou fait ensuite attacher, vers la cime de chaque arbre, deux fortes perches qui s’avancent l’une vers l’autre, et qui servent à élever et suspendre la pantaine. Cette élévation doit être telle, que la distance des deux coins supérieurs du filet à chaque bout de perche soit d’à peu près trois pieds, et que l’éloignement de terre, des deux coins inférieurs, soit à peu près de quatre. C’est pour que le filet ainsi tendu puisse librement retomber, qu’on a indiqué la nécessité d’élaguer quelquefois les branches qui, de chaque côté des deux arbres, auroient trop de saillie, et se prolongeroient vers la ligne dans laquelle le filet doit descendre. Pour le hisser et faire mouvoir, on se servoit autrefois de poulies attachées à l’extrémité des perches saillantes du haut des deux arbres ; mais le jeu de ces poulies, souvent gêné, ou par l’humidité, ou par d’autres causes, leur a fait substituer des espèces de boucles ou anneaux de fer absolument semblables aux portes d’agrafes. Aujourd’hui, l’on trouve chez les marchands de filets ces portes en verre soufflé : cette invention est très commode, en ce que les portes de cette matière sont à l’abri de la rouille, et que la corde qui passe par leurs anneaux glisse presque sans frottement, et avec la plus grande facilité. Le diamètre de ces anneaux doit être à y passer le doigt, et les cordes qu’ils reçoivent ont la grosseur de celles qui suspendent les réverbères. Chacune de ces cordes a, en longueur, à peu près le double de la hauteur du filet ; elles y sont attachées chacune par un bout et sur un coin, et leurs deux autres bouts, passés dans les anneaux des portes attachées aux perches, et réunis dans les mains du chasseur, lui donnent le moyen d’élever sa pantaine à hauteur convenable, de façon qu’elle se trouve étendue entre les deux arbres comme une espèce de rideau. Les deux coins du bord d’en bas doivent être aussi arrêtés à deux forts piquets par deux cordes assez courtes pour que ce bord ne soit élevé, comme je l’ai dit, qu’à quatre pieds de terre à peu près. Il faut aussi placer ces piquets de manière que ce filet ne descende pas perpendiculairement, mais que le bas soit tiré vers le chasseur, et que le haut se présente penché vers le côté par lequel doit venir la bécasse. Lorsqu’elle vient à passer, elle ne manque guères de donner dans la pantaine, dont le chasseur, placé convenablement à cet effet, lâche aussitôt les cordes, pour que le filet, en tombant, achève d’envelopper le gibier.

La place où se tient le chasseur est ordinairement un trou creusé en terre au milieu de l’allée où est tendu le filet, et recouvert de branchages qui le dérobent à la bécasse, dont la vue est plus perçante dans l’obscurité qu’en plein jour ; ce qui résulte naturellement de ses habitudes. Il ne seroit pas difficile de se poster dans l’allée même, pour s’éviter la peine de creuser cette hutte : pour cela, il suffiroit d’adapter à l’extrémité de s*s cordeaux une détente combinée d’après le même mécanisme qui tait tomber les trébuchets ou le piège