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lacet, dit aussi corde à pied, un peu plus compliquée, mais plus destructive, peut-être, (voyez la planche IV, fig i.)

Cette manière consiste à l’attacher à une branche élastique que l’on nomme rejet, et dont la détente est disposée de façon qu’elle présente à la bécasse un obstacle contre lequel elle est obligée de donner. Les endroits les plus favorables pour placer cette embûche sont les avenues de quelques mares ou pièces d’eau, et les raies d’un champ voisin où l’on auroit remarqué que les bécasses viennent chercher des vers au sortir de l’abreuvoir. On hérisse leurs passages de petites branches ou garnitures, et on y laisse, de distance en distance, des trouées comme je viens de le dire ci-dessus. À chacune de ces trouées, on plante d’un côté un piquet uni, qui sort de terre de quatre à cinq pouces, et, à l’opposite, un autre piquet terminé par un crochet qui se recourbe vers la terre, et qui, solidement enfoncé, présente une espèce de petite porte haute de trois ou quatre doigts. L’espace libre entre ces deux piquets est d’environ six pouces. Il est traversé et barré par une baguette droite de huit à neuf pouces, grosse comme une plume à écrire, terminée, d’un bout, par un crochet dont le pli embrasse le premier des piquets dont on vient de parler ; l’autre bout de cette baguette est passé sous l’arceau ou petite porte que forme le second piquet. À cette même extrémité, est pratiqué un cran ou coche qui doit être tourne en en haut, et qui sert à tendre le ressort ou rejet. Ce rejet est une verge de coudrier, ou autre bois élastique, grosse d’un doigt, longue de trois pieds, et pointue par un bout, pour être enfoncée en terre dans la garniture ou haie, à trois pieds environ de distance du piquet à crochet, que l’on appelle aussi repos. Au haut de cette verge, est attachée une bonne ficelle, longue de demi-pied, à laquelle est noué un très-petit bâton, long comme la moitié du petit doigt, taillé d’un bout en coin, et de l’autre très-légèrement échancré. Au bout de cette même ficelle, tient un bon collet de crin de cheval. Pour tendre ce piège, on amène son collet sous la porte que forme le piquet de repos, en forçant la verge élastique de s’incliner à un degré suffisant, de manière que le petit bâton attaché à la ficelle se trouve placé sous le pli du crochet. On le fait porter par le haut sous ce pli, et l’on engage le bout taillé en coin dans le cran de la baguette qui traverse horizontalement la passée. Par ce mécanisme, cette baguette doit se trouver tendue à environ deux pouces de terre. Le collet qui la recouvre est ouvert en rond, et doit pendre de côté et d’autre. La bécasse, pour passer, est forcée de toucher la baguette, dite aussi marchette ; elle a même l’habitude de poser son pied dessus : par-là, elle détache le petit bâton arrêté par le cran de la marchette, et cette détente levée permet au rejet de se redresser ; ce qu’il fait en tirant le collet, qui serre nécessairement les pieds de la bécasse, et l’arrête contre le piquet à crochet, que, pour cela, ou appelle repos, et qui doit avoir une certaine solidité ; pour résister à la secousse de la verge élastique.

On distingue le filet à bécasses, dit pantaine, en pantaine simple et pantaine contre-maillée. La simple est une longue nappe, dont les mailles en losange ne peuvent avoir moins de quinze lignes de diamètre. (Les auteurs qui ont écrit sur les chasses portent cette même dimension à deux pouces et demi ; ce qui est beaucoup trop grand.) Ce filet est formé d’un bon fil retors à trois brins, de la grosseur de celui dit fil de Bretagne ; il doit être teint en vert, ou en couleur de feuille morte. Sa longueur, qui est quelquefois de cent pieds, est déterminée par l’espace que l’on veut fermer,