Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/33

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déterminées clairement par la loi, de vendre, à qui bon leur semble, soit dans l’intérieur de l’État, soit à l’extérieur, les produits de leur économie rurale. »

Les lois fiscales ont pour base d’établir une répartition égale des impositions entre tous les propriétaires de biens ruraux, d’après leur produit net, et après qu’il est entré dans les mains des cultivateurs.

Avec ces lois sages et quelques établissemens ruraux particuliers, la Toscane est changée de face ; et, après une expérience de vingt-sept années, il a été constaté d’une manière exacte, 1°. que le terrain cultivé a plus que doublé d’étendue ; 2°. que la valeur des biens ruraux s’est élevée un tiers en sus de ce qu’elle étoit précédemment ; 3°. que la population s’est accrue de près d’un quart ; 4°. que les revenus de l’État se sont bonifiés d’un sixième ; 5°. que les époques des disettes se sont reculées sensiblement ; 6°. que le peuple des campagnes, mieux nourri, mieux vêtu, mieux logé, jouissant d’une plus belle et d’une plus forte constitution physique, a gagné du côté du moral par l’instruction qu’il a été à portée d’acquérir ; 7°. et enfin, que la consommation du produit des arts étant devenue plus considérable parmi les habitans des campagnes, les manufactures, les fabriques et le commerce intérieur s’y sont augmentés dans les mêmes proportions. De ce système simple, il en est résulté une prospérité croissante pour les habitans et le gouvernement de la Toscane.

Cette belle expérience faite à la face de l’Europe, et pendant vingt-sept ans, et malgré les grands avantages de ses résultats, a cependant trouvé peu d’imitateurs parmi les gouvernemens ; elle est même sur le point d’être perdue pour le pays où elle a été faite, et où elle a produit tant de bien. Depuis la mort de Léopold, chaque année voit détruire ses institutions les plus sages,