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n’est pas non plus la même pour chaque essence en particulier, lorsque le sol dans lequel elle croît, ou même la température sous laquelle elle croît, sont différens.

D’un autre côté, des bois de même essence, croissant dans des terrains de qualité égale et sous une semblable température, donnent en matière des produits très-différens, suivant l’âge auquel on les coupe.

Enfin, les bois, quelle que soit leur essence, ne produisent beaucoup de matière, et de matière de bonne qualité, si nous pouvons nous exprimer ainsi, que depuis leur âge de virilité jusqu’à celui de leur décrépitude, c’est à-dire, que dans leur âge de maturité. Trop jeune, le bois n’est pas fait encore, et n’a pas acquis la grosseur nécessaire pour produire autant de matières qu’il pourroit le faire dans un âge plus avancé ; trop vieux, il entre en pourriture, et est passé ; et, dans ces deux états, non seulement il produit moins de matières, sur la même surface, que dans sa maturité, mais encore, sous le même volume, il fournit moins de matières combustibles.

C’est donc dans l’âge de leur maturité qu’il faut couper les bois, pour en obtenir les plus grands produits en matières de la meilleure qualité. Le meilleur aménagement d’un bois est donc celui qui est fixé d’après l’âge de maturité des essences dont il est composé.

Ces principes étoient à peu près connus de ceux qui, ayant nous, ont écrit sur cette matière importante ; le raisonnement et quelques observations générales avoient suffi pour les leur suggérer ; mais, au milieu des différences que l’on apperçoit dans la durée et la force de la végétation des différens arbres forestiers, dans les différens sols et sous des températures différentes, comment trouver une règle générale avec laquelle on puisse saisir, avec facilite et avec une précision suffisante pour la pratique, l’âge de la maturité des bois dans ces variétés d’essences, de sols et de climats ? C’est l’écueil contre lequel tous sont venus échouer, parce qu’avec beaucoup plus de lumières que nous, ils n’avoient pas une aussi grande pratique dans l’exploitation des bois, et qu’ils n’avoient pas eu l’occasion de faire des observations aussi multipliées sur la manière de végéter des différentes essences de bois forestiers, sur les différentes espèces de sols, et sous des températures différentes.

C’est donc dans la nature même que nous avons cherché, non pas une règle générale, (on sent que cela est impossible) mais un moyen simple et d’une application facile, pour déterminer l’âge de maturité des bois d’essences données, croissant dans un terrain de qualité connue, ou, ce qui est la même chose, pour déterminer leur meilleur aménagement local.

Pour parvenir à le trouver, nous avons d’abord établi les produits en matières de bois d’essences données, coupés à différens âges, crûs dans les plus mauvais et les meilleurs terrains, et sous un climat à peu près uniforme, et tels que nous les ont fournis les nombreuses exploitations que nous en avons faites, ou que nous avons dirigées.

Ce préliminaire nous a paru indispensable, d’abord pour appuyer par des faits les principes que nous venons d’exposer sur l’aménagement des bois, et ensuite pour l’intelligence du moyen que nous proposons pour déterminer leur meilleur aménagement.

Dans ce tableau, nous avons choisi pour exemples les résultats de nos exploitations de bois essences de chêne sans mélange, ou de hêtre sans mélange, ou de bois meublés de ces deux essences ; et, pour être exacts dans nos calculs, et