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BOIS, (Aménagement des) Addition à l’article de Rozier. —Aménager des bois ne signifie point, comme l’annonce Rozier, les débiter en bois de chauffage, en charpente, etc., mais seulement déterminer l’âge auquel on veut les couper, ainsi que le nombre des baliveaux et des arbres que l’on doit réserver à chaque coupe.

La prospérité des nations civilisées tient beaucoup plus qu’on ne le croit communément à la facilité qu’elles peuvent avoir à se procurer des bois en abondance. Le bois est d’ailleurs une denrée de première nécessité pour les peuples placés sous un climat froid, ou même tempéré.

Les moyens d’entretenir l’abondance des bois chez chaque peuple consistent dans une bonne conservation, et un aménagement convenable et le plus avantageux à chaque localité.

Nous ne nous occuperons, dans cet article, que de l’aménagement des bois ; nous parlerons, avec quelque détail, de leur conservation à l’article Forêts de ce Supplément.

L’aménagement des bois a été, pendant le dernier siècle, l’objet de la méditation de beaucoup d’hommes célèbres ou recommandables. Réaumur, Duhamel, Buffon, Pannelier d’Anet, Telès d’Acosta, Henriquez, Varenne de Fenille, Rozier, etc., se sont particulièrement attachés à chercher un système d’aménagement applicable à toutes les essences de bois et à toutes les localités ; et cependant, malgré les talens reconnus de ces auteurs, malgré les lumières que leurs écrits ont pu répandre sur cette matière importante, tout le monde convient que l’art d’aménager les bois est encore inconnu.

Après ces auteurs respectables, feu M. de Perthuis a osé entreprendre de traiter le même sujet dans un ouvrage que nous avons rédigé sur ses manuscrits, et qui a été imprimé sous le titre de Traité de l’Aménagement et de la Restauration des Bois et Forêts. Paris. Madame Huzard. An XI — 1803 ; et, comme cet ouvrage paroît avoir eu le suffrage des meilleurs forestiers, c’est d’après lui, et avec notre propre expérience, que nous allons parler de l’aménagement des bois.

Plan du travail. Première section : principes de l’aménagement des bois.

Deuxième section : classement des bois pour parvenir à cet aménagement.

Troisième section : aménagement des bois des différentes classes.

Quatrième section : exceptions à ces aménagemens.

Cinquième section : discussions sur les futaies pleines, et sur les futaies sur taillis, et établissemens de futaies pleines éclaircies.

Sixième section : prix de la feuille des bois, dans les aménagemens proposés, comparé avec celui qu’on en retire dans les aménagemens actuels.

Section Première. Principes de l’aménagement des bois. Rozier a dit, avec raison, « qu’il n’étoit pas possible de fixer le nombre des années qu’un arbre, de quelque espèce qu’il soit, doit rester sur pied avant d’être abattu. » Son existence est relative à sa végétation, et sa végétation à la qualité du sol dans lequel il croît, et au climats sous lequel il croît. Si on veut une règle, générale, il faut la prendre dans la nature même… » En effet, la nature, a fixé des limites à la végétation de chaque essence de bois ; et sauf les accidens, toutes parcourent successivement tous les degrés de leur végétation dans le temps qui leur est prescrit.

Cette durée d’existence n’est pas la même pour les différentes essences de bois dans des terrains de qualité égale, et sous une température semblable. Elle