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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/342

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essences dominantes en quantité dans les bois et forêts de la France, et c’est l’âge de maturité des essences dominantes dans les différentes natures de terrains qui doit déterminer l’aménagement des bois.

Mais il y a encore une trop grande différence entre l’âge de maturité des bois crûs dans le terrain le plus mauvais, et celui des bois crûs dans un terrain médiocre ; ainsi qu’entre l’âge de maturité des bois crûs dans un terrain médiocre, et celui des bois crûs dans le meilleur terrain, pour ne pas trouver une perte sensible dans l’aménagement des bois crûs dans des terrains de qualités intermédiaires, si on ne leur fixoit pas un aménagement particulier.

Nous croyons donc qu’en ajoutant deux divisions intermédiaires aux trois que présente notre tableau, et en donnant à chacune de ces cinq divisions une dénomination de convention, qui désigne en même temps et la qualité des terrains, et l’âge de maturité des bois croissant dans ce terrain, nous parviendrons à rendre l’aménagement des bois une opération extrêmement simple.

Nous appelons classe chacune de ces divisions[1].

Section II. Classement des bois. Il ne faut pas croire que, pour déterminer la qualité d’un terrain planté en bois, il soit nécessaire de le sonder en détail, et de le soumettre à l’analyse chimique ; il suffit d’examiner la végétation des bois dans ce terrain, et de la comparer avec la végétation des mêmes essences à un âge commun, dans des terrains de qualités connues. Le résultat de cette comparaison indiquera sa qualité relative.

Par exemple, soit un terrain de qualité inconnue, planté en bois, dont l’époque de la dernière coupe est connue : si, à cet âge, la végétation de ce bois n’est pas aussi forte que celle des bois de même âge, que nous avons examinée dans les terrains de moyenne qualité, mais plus belle que celle des mêmes essences dans les plus mauvais terrains, nous en conclurons que ce terrain est moins bon que le terrain de moyenne qualité, mais meilleur que le terrain le plus mauvais. Nous placerons donc ce terrain, et conséquemment les bois croissant dans ce terrain, dans une classe intermédiaire, entre la première et la troisième classe, c’est-à-dire dans la seconde classe, et ils seront aménagés comme les bois de cette classe.

Ce moyen simple de classer les bois seroit suffisant pour des forestiers habiles qui, familiarisés avec la végétation des bois, détermineroient alors facilement l’aménagement le plus convenable à chaque classe. Mais, pour l’instruction, du grand nombre des propriétaires, nous devons expliquer comment nous sommes parvenus à déterminer l’âge de maturité des bois des différentes classes.

Dans celle détermination, notre tableau nous a fourni le principe, et nos observations multipliées sur la végétation des bois dans des terrains de différentes qualités nous ont guidés dans son application à la pratique.

On voit, par ce tableau, que, dans, les meilleurs terrains, les bois y croissent mieux, et y vivent plus long-temps, relativement à leurs espèces, que dans, des terrains de qualité inférieure. Dans les cinq ou six premières années de leur coupe, le recrû pousse vigoureusement et

  1. Feu M. de Perthuis avoit divisé les bois en sept classes, par suite de cette précision et de cette exactitude scrupuleuses qu’il mettoit dans ses ouvrages. Nous avons pensé qu’en réduisant ces divisions à cinq, nous rendrions le classement des bois plus facile au grand nombre des propriétaires, sans occasionner une perte sensible dans leur revenu.