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maladie des animaux) action de frotter avec un bouchon les chevaux, les bœufs et les vaches. Le bouchon est une poignée de paille fraîche prise dans toute sa longueur, que l’on tord sur elle-même et qu’on plie dans son tiers, en la tordant en corde très-serrée, d’abord à deux branches, puis ensuite à trois, parce qu’on ramène la branche qui forme le dernier tiers entre les deux autres branches, et l’on en passe l’extrémité dans la boucle formée par le pli qui divise les deux premiers tiers. L’autre extrémité est engagée et passée de même dans la boucle de l’autre bout. On coupe çà et là quelques brins à la surface du bouchon, qui venant à se rebrousser, forment des aspérités qui écartent les poils et atteignent la peau, lorsque l’on bouchonne.

Le bouchonnement, en divisant les poils, les débarrasse de la boue sèche, et des écailles farineuses qui résultent du dessèchement de l’humeur de la transpiration. La pression successive qu’il exerce sur les divers points de la peau l’excite à continuer à reprendre en totalité sa fonction qui, sur-tout dans les animaux qui travaillent et dans ceux qui sont malades, est exposée à de fréquentes atteintes. On doit bouchonner après toutes les courses où l’animal s’est sali, et généralement tous les matins à jeun.

Quand les animaux sont en sueur, ce n’est pas précisément le bouchon qu’on emploie, il seroit trop dur et n’absorberoit pas l’humeur transpiratoire ; on se sert mieux de paille froissée dont on prend une poignée dans chaque main, et avec laquelle on frotte successivement toutes les parties jusqu’à ce que l’animal soit sec. On change cette paille, on appuie avec fermeté et on emploie deux ou trois personnes qui bouchonnent chacune une partie du corps.

Quelques conducteurs, quelques propriétaires insoucians négligent le soin du bouchonnement. Presque nulle part on ne bouchonne les vaches laitières ; cependant le bouchonnement contribue à entretenir la santé, et il est encore plus efficace pour aider à la guérison d’un grand nomnre de maladies. On ne doit jamais l’omettre pour les chevaux, ânes ou mulets, ni pour les bœufs ou vaches malades. On ne bouchonne pas les animaux quand ils sont dans les pâturages. Voyez ailleurs Bain, Pansement avec le peigne, l’étrille, la brosse. (Ch. et Fr.)


BOUILLIE, (Économie domestique.) Aux réflexions que j’ai faites sur les inconvéniens de la bouillie préparée avec la farine de froment, pour les nouveaux nés, (voyez au mot Pain) je ne puis me dispenser d’en ajouter d’autres, afin de suppléer à ce que Rozier avait promis à l’article Enfant. Il n’est pas étonnant qu’il n’en ait fait aucune mention, puisque c’est à un collaborateur qu’il a confié la rédaction, de cet article qui, à cette omission près, renferme d’excellentes vues sur a santé et les maladies des enfans à la mamelle.

Les moyens qu’on substitue assez ordinairement au lait des nourrices, soit pour le remplacer, soit pour suppléer à son insuffisance, sont le lait des animaux, et la bouillie préparée presque généralement avec la farine de froment. Le dernier de ces moyens est sujet à de graves inconvéniens, et les accidens auxquels il donne lieu dans les enfans à la mamelle ne sont pas moins remarquables que ceux qui proviennent de la mauvaise qualité du lait d’une nourrice.

Je l’ai dit, et souvent je le répète : si le blé est, de tous les grains, celui avec lequel on prépare le meilleur pain, il est aussi celui qui donne la plus mauvaise bouillie ; tandis que le sarrasin, dont le pain est le plus grossier, fournit la bouillie la plus délicate. Cette obser-