Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/357

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jouissoient de la meilleure santé. Ce n’étoit pas sans doute le lait des nourrices qui pouvoit produire cet effet ; une seule nourrice était obligée de donner ses soins à trois ou quatre nourrissons. C’étoit donc principalement à l’usage de la crème de pain qu’on en étoit redevable.

L’usage dans lequel sont les bureaux de bienfaisance, à Paris, de distribuer aux mères nourrices de leur arrondissement une certaine quantité de farine de froment, n’étant qu’un moyen de perpétuer, parmi les indigens et les hommes qui se dévouent généreusement à les soulager dans leur misère, une opinion avantageuse pour les effets de la bouillie, je ne saurois trop inviter ces associations vertueuses à bien réfléchir sur ce point ; et j’ai tout lieu de présumer que bientôt la farine de froment, qu’ils font distribuer comme secours, sera remplacée par celle d’orge, moins chère et plus salutaire dans ce cas.

Non, je ne puis songer à un aliment aussi indigeste, que les médecins qualifient de mastic, qui engorge les premières voies, occasionne des tranchées, des dévoiemens, des vers, sans rappeler les dangers auxquels les nourrissons sont exposés, et inviter les mères à substituer à la bouillie de froment le pain émietté, séché et cuit avec l’eau, le lait ou le bouillon, sous la forme de panade ; nourriture qui réussit merveilleusement bien au premier âge et à la décrépitude.

Mais, si la plupart d’entr’elles sont sourdes encore à la voix de l’humanité, qui leur crie de remplacer la bouillie par la panade, qu’elles préparent du moins cette bouillie avec la farine d’orge, ou avec celle des autres grains dans lesquels on ne trouve pas, comme dans le froment, ce gluten si essentiel à la fabrication du pain, et si préjudiciable à l’effet de la bouillie ; car la farine qui produit le meilleur pain sera toujours celle dont on préparera la plus mauvaise bouillie, et vice versâ. Une autre règle générale à établir, c’est que l’état de division où l’on doit amener les grains, sans préjudicier à leur qualité naturelle, doit dépendre de l’espèce de préparation à laquelle on a dessein de les soumettre. Il conviendroit donc qu’ils ne fussent que broyés grossièrement, quand il s’agit de les destiner à des potages ou à des bouillies ; plus divisés, au contraire, pour en fabriquer du pain, soit pur, soit mélangé.

Les avantages de l’orge mondé ou perlé sont inappréciables sous une foule de rapports. L’enfant le plus faible y trouvera une nourriture aussi salutaire que l’homme le plus robuste. Voilà ce qu’une expérience heureuse de plusieurs siècles a constaté, particulièrement chez les habitans des montagnes, qui vivent de cette nourriture une grande partie de l’année. (Parmentier.)


BOULEAU, Betula alba L. Cet arbre qui croît abondamment dans les forêts de la Suède, de la Norwège, et dans celles des autres contrées boréales, semble avoir été formé par la nature pour dédommager les habitans de ces contrées de la privation d’un grand nombre de plantes utiles, qui ne peuvent croître dans des climats aussi rigoureux.

Il se plaît sur les terrains secs et arides des montagnes ; il vient aussi dans les lieux humides ou marécageux ; il brave les froids les plus rigoureux ; et on le voit s’élever sur le sommet des hautes montagnes, là où les sapins cessent de croître, et dans les lieux mêmes où l’on apperçoit à peine quelque trace de végétation. « Il croît (dit Miller) dans tous les sols, quelque mauvais qu’ils puissent être, et même dans les endroits remplis de sources, et dans des terrains graveleux et sablonneux, où il y a peu de fond ; de sorte qu’une terre qui ne produit que de la mousse,