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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/358

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si elle est plantée en bouleaux, peut, lorsqu’ils sont en état d’être coupés, rapporter dix livres sterling par acre, (deux cent trente-une livres, argent de France.)

» Ainsi, les personnes qui possèdent de ces mauvaises terres, ne peuvent pas mieux les employer qu’en y plantant de ces arbres, les frais de ces plantations ne coûtant pas beaucoup.

» Lorsqu’on veut taire une plantation de bouleaux, on commence par se pourvoir, dans les forêts où ils croissent naturellement, d’une bonne quantité de jeunes sujets ; mais si on ne peut point s’en procurer de cette manière, on se contente ne recueillir leurs semences en automne, aussitôt que les écailles sous lesquelles elles sont renfermées commencent à s’ouvrir ; (car, un peu plus tard, elles se répandroient sur terre et seroient perdues.) Comme les semences sont petites, il ne faut point les enterrer profondément ; on leur choisit, autant qu’il est possible, une situation ombragée, où elles réussiront mieux que si elles étoient exposées au grand soleil ; et on pratique cette opération en automne. Ou se rapproche par-là de la marche de la nature ; car, par-tout où il y a de ces arbres, leurs semences en produisent en abondance et sans aucun soin, pourvu qu’ils ne soient point détruits par les troupeaux. Lorsque les jeunes plants ont acquis assez de force, on les enlève avec soin et sans endommager leurs racines ; la terre qui leur est destinée n’exige aucune préparation ; elle doit être seulement labourée avec la bêche ou le hoyau, dans l’endroit où l’on veut mettre les plants. On y fait des trous pour y placer les racines, qu’on recouvre ensuite, en observant de presser fortement la terre tout autour. Si leurs plantes sont jeunes, et que leurs têtes ne soient pas trop fortes, ils n’auront pas besoin d’être taillés ; mais si leurs têtes sont épaisses et touffues, il faudra les raccourcir, pour empêcher le vent de les secouer ou de les déplacer. Quand ces plants ont pris racine, on ne leur donne plus aucun autre soin que de couper avec une faucille les grandes herbes qui pourroient faire pencher les plants, en prenant garde de couper ou endommager les jeunes arbres. On répète cette opération deux ou trois fois, pendant l’été des deux premières années ; après quoi, les plants seront assez forts pour étouffer les mauvaises herbes, ou u moins pour n’en pas essuyer de dommages.

» On peut planter ces arbres vers le milieu d’octobre, jusqu’au milieu de mars, pourvu que la terre ne soit pas gelée. Cependant si le sol qui leur est destiné est naturellement sec, on doit préférer l’automne ; si, au contraire, c’est un terrain humide, on fera beaucoup mieux de différer cette opération jusqu’au printemps. On les place à la distance de six pieds en carré, parce qu’étant ainsi serrés ils couvriront bientôt la terre, ils monteront plus facilement, et profiteront beaucoup mieux que s’ils étoient plus éloignés.

» Si ces arbres réussissent bien, ils seront en état d’être coupés après dix ans environ de crue ; et les coupes suivantes pourront se faire tous les sept ou huit ans, s’ils ne doivent servir qu’à faire des balais ; mais si on les destine à faire des cercles, il ne faut les couper que chaque douzième année.

» La dépense qu’exigeront ces plantations, dans les endroits où l’on peut se procurer aisément de jeunes plants, n’excédera pas quarante schellings par acre de terre ; ce qui fait quarante-cinq livres, argent de France, et environ vingt schellings, pour nettoyer la terre l’année suivante ; de sorte que le total des frais n’excédera pas trois livres sterling. Si la terre qui est employée à cette