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dessèche, et n’est plus propre à être replanté. Au contraire, s’il est levé après qu’il a fourni sa végétation, on peut le conserver plusieurs mois dans un lieu sec ; et, lorsque le moment de sa végétation approche, ou le replante avec succès.

La plupart de ces plantes sont étrangères à l’Europe, et sont originaires des îles de l’Archipel, de l’Asie tempérée, du cap de Bonne-Espérance, et quelques unes de l’Amérique. Plusieurs se cultivent en grand à la campagne, comme l’ognon des cuisines, l’ail domestique et le safran ; d’autres ne sont cultivées que dans les jardins d’agrément, telles que les lys, les tulipes, les jacinthes orientales, les narcisses, les jonquilles, les ornithogales, les muscari ; et presque toutes croissent de préférence dans des terrains meubles, sablonneux et amendés par des substances végétales décomposées. Les bulbes de ces plantes ne demandent d’autres précautions, pour être déplantées, que d’être épluchées des enveloppes pourries ou desséchées qui les recouvrent quelquefois. On les plante par lignes dans un terrain bien ameubli, épuré de tous corps étrangers par deux ou trois labours à la bêche. La profondeur à laquelle elles doivent être enfoncées varie en raison des climats, de la nature de la terre, et sur-tout de la grosseur de l’ognon.

Dans notre climat, les ognons de safran d’automne, qui craignent les gelées, sont enfoncés en terre à la profondeur de huit à dix pouces, tandis que, dans les parties méridionales de la France, ils ne peuvent être enterrés que de quatre à six pouces. La distance à mettre entre les ognons varie aussi, tant en raison de leur grosseur, que du volume qu’occupent leurs racines et leurs fanes. Il en est, tels que les ognons de safran, qui peuvent être plantés à trois pouces de distance les uns des autres ; d’autres ont besoin d’être espacés à dix pouces, et même à un pied de distance, comme les belladones, (Amarillis regina. L.)

Les espèces originaires des climats plus chauds que celui sous lequel on les plante, doivent être plantées dans des pots qu’on abrite l’hiver sous des bâches ou des châssis. En général, les ognons de plantes qui croissent au cap de Bonne-Espérance, réussissent mieux sous des châssis que dans les serres. Ces plantes ont besoin d’un air souvent renouvelé, et celui qui est dans les serres, qui est ordinairement plus stagnant et plus épais, leur est nuisible.

Les ognons de cuisine appartenant à des plantes bisannuelles, ne se plantent que pour en obtenir des graines ; on les met en terre dès que les grandes gelées sont passées, et on les plante par lignes, à la profondeur de quatre pouces. Comme ils ne doivent rester que trois mois pour effectuer leur végétation, on les rapproche de quatre pouces les uns des autres.

Les aulx, dont on fait un grand commerce dans le midi de la France, se plantent aussi par lignes et en carrés. Ou les met en terre dans le premier printemps, et on les récolte dès que leurs fanes sont desséchées, vers la fin de juillet.

On plante dans le même mois les bulbes de safran : les ognons de jacinthe et de tulipe se mettent en terre vers le 15 octobre. Toutes ces époques, observées pour la température de Paris, sont variable en raison du climat : mais l’on est averti du moment favorable à la plantation par les ognons eux-mêmes, qui commencent à végéter dans les tiroirs ou sur les tablettes ou ils ont été placés depuis qu’ils ont été levés de terre.