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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/374

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tes par une membrane cartilagineuse, et convexe ; les pieds formés pour courir, et le dessous des doigts fort rude ; le corps fort gros et musculeux ; nourriture, se composant de grains répandus sur la terre, et qui se macèrent dans le jabot ; l’habitude de se rouler dans la poussière, d’être polygames, de poser sur la terre un nid grossièrement construit, et de pondre des œufs en grand nombre, la mère se contentant de montrer la nourriture à ses petits.

La caille offre de nombreux rapports avec la perdrix, tant par ses formes extérieures, que par ses habitudes : cependant, il existe entre ces deux espèces des dissemblances non moins nombreuses, qui les sont aisément distinguer. Beaucoup moins grosse que la perdrix, la caille en diffère encore par le plumage ; sa tête, dont le fond est varié de noir et de roussâtre, est marquée en long de trois bandelettes blanchâtres ; du noir, du roux, du gris terreux, et du jaunâtre, forment le mélange des couleurs répandues sur le cou et le dessus du corps ; la poitrine est d’un roux lavé, et le ventre d’un blanc sale ; des bandes roussâtres traversent les ailes, teintes en gris-brun, et la queue noirâtre ; enfin, le bec est cendre, et les pieds sont couleur de chair. Les femelles et les jeunes ont la poitrine blanchâtre, parsemée de tachés noires, et presque rondes.

Le plumage de la caille est lisse et serré ; sa tête et son cou, revêtus de plumes courtes, et comme collées sur la peau, s’élèvent avec grâce en avant d’un corps arrondi, et donnent à l’oiseau la physionomie de la douceur et de l’innocence. Cependant, la caille a les mœurs moins douces que la perdrix ; elle a plus de vivacité, plus de pétulance, moins d’attachement pour ses petits, et pour ses semblables. Les perdrix se recherchent, se rappellent, se réunissent en compagnies ; les cailles se fuient, aiment à vivre isolées, et ne paroissent en nombre qu’à l’époque de leurs migrations, parce qu’alors un même instinct les porte à voyager, et à prendre la même direction.

Tout le monde connoît les cris lu mâle et de la femelle de cette espèce ; tout le monde sait que ces oiseaux arrivent dans nos plaines au printemps, plus tôt ou plus tard, suivant la température. Les chasseurs leur donnent, à cette époque, le nom de cailles vertes, à cause de la verdure dont la belle saison tapisse les campagnes, et des lieux où elles se tiennent : ce sont les prés et les grains en herbes. Après la ponte, on les appelle cailles grasses.

Cette ponte est précédée par des combats à outrance entre les mâles ; leur ardeur pour les femelles est excessive, et leurs feux semblent se ranimer par des jouissances souvent répétées. Un creux que les femelles font en terre avec leurs ongles, et qu’elles garnissent légèrement d’herbes et de feuilles, est le nid où elles déposent de douze à vingt œufs, mouchetés de brun, sur un fond grisâtre. Les cailleteaux naissent couverts de duvet, sont en état de courir presqu’en sortant de la coque, et quittent leur mère bien plus tôt que les perdreaux ; il ne leur faut que quatre mois pour prendre leur accroissement.

Quand on a vu les cailles préférer de courir assez long-temps à travers les grains et les herbes les plus serrées, plutôt que de s’élever ; quand on a vu leur vol court, difficile, et qui ne peut se faire qu’en filant ou glissant obliquement, l’on conçoit avec peine comment ces oiseaux ont la force de se soutenir assez long-temps en l’air pour entreprendre de longs voyages, et traverser de très-larges canaux de mer : c’est néanmoins un fait qui ne peut être révoqué en doute. Aux approches de l’hiver, les cailles quittent nos contrées, et vont pas-