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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/378

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ranger les mailles des deux plis sur trois de hauteur, vis-à-vis l’une de l’autre, de manière que la septième maille du filet rapetissé se trouve perdue dans la lisière supérieure ; car, lorsque l’on place la toile entre les aumées, on s’arrange pour que le pli fait à celles-ci soit toujours en en bas, et forme la lisière inférieure. Ou conduit que, par cet arrangement, deux des huit mailles qui forment la largeur totale du filet, se trouvant perdues, il ne reste plus pour largeur définitive que trois mailles de haut par chaque aumée, qui, à trente lignes chaque, font pour le hallier la hauteur, désirée de sept pouces et demi.

Comme ces aumées doivent être tendues sans bourses, la longueur totale du filet ne doit point excéder, ainsi que dans le précédent, la dimension qu’on se propose de lui donner : mais j’ai dit que la toile du milieu devoit, dans son état naturel, être le triple plus large, et le double plus longue, quand le hallier est monté ; il s’agit donc de la réduire aux dimensions voulues ; et, pour cela, on la bordera, au pourtour, d’un cordonnet formé de trois brins du même fil qui aura servi à sa confection, et qui la maintiendra sur sa hauteur de sept pouces à sept pouces et demi, et sur la longueur qu’on aura arrêtée. Cette nappe ou toile sera froncée et plissée également le long de ce cordonnet, qu’on peut comparer, pour ce service, à la tringle d’un rideau. La nappe, ainsi montée, se place alors entre les aumées, qui s’attachent fermement à chaque coin.

Dans cet état, le filet du hallier est complet, et l’on n’a plus qu’à le garnir de ses piquets, qui sont de petites flèches de bois, communément de chêne, cormier, troëne, ou frêne : elles doivent être de quatre à cinq pouces plus longues que la hauteur du hallier, et assez menues. Trois lignes environ de diamètre leur donneront une grosseur suffisante. Il seroit bon que ces baguettes fussent tournées et armées, par la pointe, d’une douille de fer ou de cuivre, pour les faire durer plus long-temps, et les enfoncer plus facilement dans la terre.

On distribuera ses piquets, selon toute la longueur du hallier, à trente, ou même trente-six pouces de distance l’un de l’autre ; et, pour les arrêter, on les fendra par le haut d’un trait de scie. Dans cette fente, faite avec une scie très-mince, on engagera la lisière de la nappe du milieu, puis celle de chaque aumée, et on fixera le piquet à cet endroit, au moyen d’un fort fil. Pour arrêter la lisière inférieure du hallier qui doit descendre, ainsi que je l’ai expliqué, à quatre à cinq pouces de la pointe des piquets, on pratique à cet endroit de chacun d’eux une petite gorge ou entaille qui reçoit et retient le fil avec lequel on noue cette lisière au piquet ; et c’est ainsi que se prépare tout tramail.

Ce filet sert à chasser les cailles après leur arrivée et avant leur départ ; mais, à la première époque, la chasse se fait au moyen des appeaux ; à la seconde, où le gibier ne répond plus à l’appeau, on est obligé de le pousser vers le piège, et alors cette chasse prend le nom de bourrée. Un bon Appeau (voyez ce mot) doit imiter la voix de la caille femelle ; les mâles, surtout ceux qui n’ont point encore trouvé de compagne au moment des amours, accourent à ce son. Lorsqu’un chasseur, armé de son hallier, s’est rendu dans un champ couvert de verdure, soit qu’il entende la caille chanter, soit qu’il l’excite à le faire par quelques coups d’appeau, il tend aussitôt son tramail, de manière à en former une espèce de haie opposée au chemin que lui paroît tenir la caille ; et, pour cela, il enfonce les piquets de son filet, en le déployant jusqu’à ce que la lisière inférieure ne soit qu’à deux petits doigts de