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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/379

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terre ; ensuite, il passe de l’autre côté ; et, s’éloignant de quelques pas, il met ainsi sa tendue entre la caille et lui. Il se tapit alors, et fait jouer l’appeau avec intelligence, de manière à faire suivre de quelques sons la voix de la caille. S’il arrivoit que le mâle, emporté par son ardeur, volât par dessus le hallier, le chasseur doit le laisser s’éloigner un peu sans remuer ; puis, repassant de l’autre côté, le rappeler de nouveau vers le piège, qu’il est rare qu’il évite. Bien qu’il y ait des appeaux très-parfaits, et qu’il ne soit pas difficile d’en acquérir l’usage, quand on peut néanmoins avoir une caille femelle, que l’on emploie comme Appelant, (voyez ce mot) cela vaut encore mieux.

Cette femelle, que les oiseleurs nomment chanterelle, doit s’élever dans un endroit obscur, et être nourrie de millet. On l’accoutume à chanter avec un appeau. Lorsqu’on la porte aux champs, on a une cage faite avec la calotte d’un chapeau, clouée sur une planche, dans laquelle est la porte par où l’on introduit son oiseau. Le chapeau est percé d’un trou de grandeur seulement à laisser passer la tête de la chanterelle. On peut entourer de halliers la place où on la dépose ; et, quand la chanterelle fait bien son devoir, elle attire de tous côtés les mâles dans le piège : placé à quelque distance, le chasseur observe ses succès.

Après les amours et la ponte, lorsque les cailles sont grasses, c’est-à-dire vers la fin d’août et en septembre, elles ne répondent plus à l’appeau ; et c’est alors qu’on force, comme je l’ai dit, ce gibier à se jeter dans les halliers. Lorsqu’il ne reste plus que quelques raies d’un champ à moissonner, on les borde d’un tramail ; puis, deux ou plusieurs hommes se rendent à l’extrémité opposée ; et, traquant l’espace à pas lents, et jetant de la terre à droite et à gauche, ils font lever le gibier, et le bourrent en quelque sorte vers le hallier. Non seulement les cailles, mais souvent d’autres oiseaux coureurs, tels que les râles de terre, se trouvent pris à cette chasse. Les chènevières attirent aussi beaucoup de cailles ; mais, quand elles y ont vécu trop long-temps, elles y prennent une graisse huileuse, qui rend le goût de leur chair moins agréable. Lorsqu’on veut bourrer vers un hallier le gibier que l’on suppose habiter un champ non encore dépouillé, on se sert d’un long cordeau, garni de grelots, que deux hommes tiennent de chaque bout, et promènent au dessus de l’espace qu’ils ne veulent pas fouler.

Le second des filets, spécialement consacré à la chasse des cailles, est, ai-je dit, la tirasse, dont les mailles sont carrées, et de quinze lignes de large. Le filet lui-même est aussi carré ; sa grandeur est indéterminée ; mais, pour en tirer un service commode, il ne doit guères avoir moins de dix-huit pieds, ni plus de trente-six en tout sens. La grandeur moyenne de vingt-quatre à vingt-cinq pieds, est ce qui convient le mieux. Ces nappes se font, ou de soie, ou de fil, l’un et l’autre d’un vert jaune, imitant la couleur des prés et luzernes. La soie dont on se sert pour cette fabrication est celle appelée, dans le commerce, galette fine ; et le fil est un fil en trois de la grosseur de celui dit d’Epinai. Il y a aussi des nappes ou tirasses à mailles en losange, mais elles sont plus longues que larges. Leurs dimensions sont ordinairement de quinze pieds sur trente. Les mailles ont quinze lignes, comme les précédentes ; leur construction se rapporte à celle des nappes à alouettes.

On emploie avantageusement la tirasse, soit à l’arrivée, soit avant le départ des cailles. À cette seconde époque, il faut avoir un bon chien d’arrêt.

On ne peut tirasser que dans des endroits unis, tels que des prés, ou des champs moissonnés. Au défaut